Se réfugier dans la céramique

S’agit-il de nous parler de l’art comme valeur refuge en temps de crise économique ? Que nenni ! L’objectif est, à travers la présentation de quatre-vingt-dix œuvres (terre cuite, grès, faïence, porcelaine), d’en revenir à notre désir intemporel d’un lieu-foyer mythique. Face à la surconsommation, qui ne rêve de se créer un « refuge » afin de mettre le monde à distance ? À la course contre le temps et à la pression des modes passagères, les artistes invités, designers ou sculpteurs opposent la nature, la simplicité et la pérennité afin de se ressourcer.

La céramique, qu’elle soit objet d’usage ou sculpture, transmet fort bien réconfort et humilité. En s’inspirant de l’art populaire rustique et de références ancestrales, ces créateurs nous invitent à retrouver le goût de l’authentique via l’affirmation de l’intelligence de la main et la patine du temps. Certains, comme l’Américain Ted Neal et le Finlandais Pekka Paikkari, transforment leurs poteries matiéristes en des vestiges industriels archéologiques. D’autres remontent encore plus loin, à l’instar du Français Hervé Rousseau, qui reprend la cuisson médiévale au bois, ou de la New-Yorkaise Ruth Borgenicht, qui revisite, avec ses grès « tricotés », la fameuse cotte de maille métallique, portée sous l’armure des chevaliers du Moyen Âge comme protection corporelle. Plus que jamais, on retrouve ici la philosophie maison de la Fondation Bernardaud qui consiste à « réinventer la porcelaine ».