Quelle fut au juste l’influence de Kurt Schwitters sur l’évolution de l’art de la deuxième moitié du XXe siècle ?
C’est à cette question que tentent de répondre le Sprengel Museum de Hanovre et la Haus der Kunst de Munich. Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands artistes Dada des années 30, Kurt Schwitters n’a véritablement été découvert par les jeunes avant-gardes que dans les années 60 à la suite de l’exposition du MoMA de New York consacrée à l’art de l’assemblage. Ce fut à cette occasion que des artistes comme Robert Rauschenberg, Louise Nevelson ou Cy twombly trouvèrent une confirmation de leurs propres recherches dans cette œuvre atypique. Kurt Schwitters présentait alors l’exemple d’un artiste qui avait su abandonner la peinture traditionnelle pour produire des collages à partir d’éléments de récupération comme les tickets de bus ou même les emballages commerciaux. Ces réalisations témoignaient d’une nouvelle sensibilité envers les matériaux rejetés par la société et démontraient ainsi qu’il était possible de produire des équivalents du chaos de la vie avec des objets anodins. Pour les Nouveaux Réalistes (tels Raimond Hains, Villeglé, Spoerri, Arman), ce sont bien évidemment ses collages qui les entraînent sur la voie des lacérations d’affiches. Plus au fait de ses diverses activités, les Allemands (Beuys par exemple) et les Italiens (Kounellis) s’intéressent d’avantage à ses environnements dont le célèbre Merzbau créé initialement à Hanovre. Tous ces Européens ont en commun, et l’actuelle exposition le démontre avec rigueur, de considérer Schwitters comme un passeur, un artiste qui travaille sur les structures mêmes du langage de notre société.
MUNICH, Haus der Kunst, 9 mars-20 mai.
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Schwitters le passeur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Schwitters le passeur