Schad sort de l’ombre

Un maître de la Nouvelle Objectivité à Zurich

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 29 août 1997 - 342 mots

Christian Schad, qui a fréquenté les dadaïstes à Zurich avant de devenir l’un des représentants majeurs de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité), n’avait pas fait l’objet d’une grande exposition depuis des années. La Kunsthaus de Zurich répare cette injustice cet automne. L’exposition sera ensuite présentée à la Städtische Galerie im Lembachhaus de Munich.

ZURICH. L’œuvre de Christian Schad (1894-1982) est longtemps restée dans l’ombre. L’un des grands mérites des commissaires de l’exposition zurichoise est de présenter un ensemble exceptionnel d’œuvres dispersées, souvent portées disparues depuis longtemps ou exposées publiquement pour la dernière fois dans les années vingt. Les années 1915-1935, époque charnière dans son travail, sont ici privilégiées et documentées par le plus important ensemble de tableaux jamais réuni. Après des études à l’École des beaux-arts de Munich, le jeune Allemand se réfugie à Zurich en 1915, pour échapper à la Première Guerre mondiale. Il y côtoie les dadaïstes, notamment Hans Arp et Hugo Ball, et rencontre Walter Serner au moment où il crée sa revue Sirius. Schad organise d’ailleurs avec lui, en 1916 à Genève, le bal Dada, avant de développer en 1918 une technique particulière de photographie sans appareil, saisissant directement les objets sur du papier sensible, une technique que Tzara, dans Dadaphone, a baptisée du nom de son inventeur, la "Schadographie". En 1920, il séjourne en Italie, d’abord à Naples, avant de s’installer à Rome où il se tourne vers la figuration. Les portraits de l’aristocratie, d’une grande froideur et dépourvus de sensualité, qu’il réalise dans un premier temps dans la Ville Éternelle, puis à Vienne, en 1925, et à partir de 1928, à Berlin, constituent ses œuvres les plus fortes. Cherchant selon certains à faire oublier son passé de dadaïste, le peintre s’est retiré dans le Keilberg en 1933, après l’arrivée au pouvoir de Hitler en Allemagne, et s’est principalement consacré au paysage jusqu’à sa mort, en 1982.

CHRISTIAN SCHAD, jusqu’au 9 no­vem­bre, Kunsthaus, Heimplatz 1, 8000 Zurich, tél. 41 1 251 67 55, tlj sauf lundi 10h-21h, vend., sam. et dim. 11h-17h, catalogue, 244 p., 45 FS.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°42 du 29 août 1997, avec le titre suivant : Schad sort de l’ombre

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