On ne vous apprendra rien, en vous disant qu’il y a moins de femmes artistes que d’hommes. De là à programmer une exposition sur ce critère pour rétablir l’équilibre, ce n’est pas plus logique pour autant. La discrimination positive n’est pas un sésame très enviable et, dans le domaine de l’art contemporain, on pourrait se demander où en estla représentation des « minorités ethniques », encore bien moins loties. Mais va pour les femmes qui sont donc le seul critère de sélection pour le Lieu unique nantais. Ce qui ne veut pas dire que leurs œuvres soient obligatoirement féministes ou qu’elles tombent dans un autre cliché féminin, celui de l’autoportrait-journal intime filmé stigmatisant le corps. Parmi les installations où se croisent Isabelle Lévénez, Françoise Quardon, Véronique Boudier ou Muriel Toulemonde, une découverte, L’Herbe, un triptyque réalisé par le duo Mylène Benoît et Mathieu Bouvier. Ils ont cartographié et filmé des îlots d’herbe dans la périphérie lilloise puis fait réaliser une tapisserie à Aubusson représentant une parcelle d’herbe piétinée, exposée en regard du film et de la carte. Un programme de films fait quant à lui la part belle au mariage : l’union des fausses jumelles du futur Eva et Adèle, le choix polyandre de Marion Laval-Jeantet du groupe Art Orienté Objet ou le rejet de cette institution par Kimiko Yoshida. L’artiste Guillaume Paris, un des rares hommes à s’être frotté à la fronde (ce qui le rend sympathique), s’est vu remettre deux cartes blanches et a proposé les films de Tove Krabo et Verena Schaukai. « Où sont les femmes ? » sera également l’occasion de découvrir de très jeunes membres de la scène suédoise choisis par Veronica Wiman. Cette jeune curatrice a invité cinq de ses compatriotes à exposer leurs œuvres avec la figure tutélaire de Martha Rosler représentée par un de ses films militant de 1975, Semiotics of the kitchen. Carina Bergholm Sundén s’attelle à la question des tâches domestiques dévolues aux femmes , Loulou Cherinet filme des hommes d’origine africaine en train de parler de leurs expériences avec les femmes blanches. Plus drôle, quoique, Joanna Rytel fait danser une jeune femme devant un public particulier… les animaux d’un musée folklorique en plein air ! Fia-Stina Sandlund réfléchit sur la façon d’avoir du succès en art surtout « quand on est née avec les mauvais organes génitaux ». Attention, on pourrait friser la rancœur en cas d’absence de second degré, espérons que cette exposition n’en manquera pas afin de ne pas transformer cette vidéo en prémonition.
« Où sont les femmes ? Art & vidéo », NANTES (44), Lieu unique, quai Ferdinand Favre, tél. 02 40 12 14 34, 26 mars-9 mai.
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Salut les filles !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°557 du 1 avril 2004, avec le titre suivant : Salut les filles !