Saintes reliques

Une modeste tunique en laine brune, victime du « pieux vandalisme » des fidèles, deux petites étoles de laine blanche (les « pallia »), l’une à enveloppe hispano-mauresque, l’autre « aux lièvres »... Ce sont là les précieuses reliques textiles de saint Césaire, évêque d’Arles de 502 à 542 et principal propagateur de la foi nouvelle en Provence. Retirées en 1998 de leurs boîtes-reliquaires et de leur manchon de protection en soie, elles ont fait l’objet d’une campagne de restauration et d’authentification par un laboratoire d’Oxford qui les a datées du VIe siècle. Ces saints tissus sont exceptionnellement présentés au Musée de l’Arles antique aux côtés des sandales de cuir de Césaire et de sa boucle de ceinture en ivoire. L’ensemble forme le cœur d’une exposition consacrée à la « Naissance d’une Chrétienté en Gaule ». « Nous avons voulu montrer comment, entre le début du IVe et la fin du VIe siècle, la Provence change totalement d’univers », explique Jean Guyon, l’un des commissaires de l’exposition. En 314, trois évêques sévissent dans le Sud de la Gaule. A la fin du VIe siècle, ils sont 25 à répandre la parole de l’Evangile dans toute la Provence. Dans l’exposition, une centaine d’objets, maquettes, sarcophages, manuscrits, montrent combien la christianisation imprime sa marque sur l’univers quotidien comme sur l’ensemble du paysage provençal. La visite se poursuit hors-les-murs sur les sites paléochrétiens qui ont tant remodelé l’Arelate gallo-romaine : le site des Alyscamps, le monastère Saint-Jean près de la Tour des Mourgues, ou encore les églises Saint-Blaise et Saint-Jean de Moustiers, spécialement ouvertes pour l’occasion.