Après une longue hibernation, le peintre Jean-Pierre Saint-Ours (1752-1809) recouvre la lumière à la faveur d’une première rétrospective à domicile.
Le Musée d’art et d’histoire de Genève était seul capable de monter l’événement, puisqu’il conserve de Saint-Ours la grande majorité de l’œuvre peint et dessiné. Une situation enviable pour l’organisateur mais préjudiciable pour l’artiste dont la renommée internationale a pâti de ce monopole. Une anomalie en passe d’être corrigée. Cent quatre-vingts tableaux et dessins ont été convoqués pour retracer la carrière et révéler le talent du plus grand peintre genevois du tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Paris et Rome ont chacune marqué durablement le peintre suisse. Dans la capitale française, Saint-Ours reçoit l’enseignement académique de Jean-Baptiste-Marie Vien, qui oriente son style vers le néoclassicisme le plus pur tel qu’il sera promu et diffusé par David. Lauréat du grand prix de Rome, en 1780, Saint-Ours part pour la Ville Éternelle. Succès à la clef, il y restera douze années jalonnées de vastes compositions sur le thème de la Grèce antique. Ces toiles existent aussi en petit format sous la forme de répliques autographes qui témoignent du talent de coloriste de leur auteur.
Le grand mérite de l’exposition est de mettre en évidence deux aspects méconnus ou sous-estimés de la carrière de Saint-Ours. Le premier, et aussi le plus précoce, est son immense talent pour le dessin. Dans ce domaine, il sait tout faire. Sa virtuosité n’a d’égale que celle de son contemporain et ami François André Vincent qu’il désignait d’ailleurs comme son « maître d’élection ». La seconde découverte, et non des moindres, tient dans le talent de portraitiste de Saint-Ours, une activité qu’il exerce après son retour définitif à Genève en 1792. Les portraits sensibles qu’il laisse de ses contemporains conservent le souvenir vivant d’une société genevoise sur laquelle soufflent les vents, parfois contraires, des révolutions européennes.
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Saint-Ours sort de sa caverne
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art et d’histoire, rue Charles-Galland 2, Genève (Suisse), www.mah-geneve.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Saint-Ours sort de sa caverne