Saint Laurent et l’Asie

Yves Saint Laurent ne voyageait pas beaucoup mais a largement puisé dans l’image qu’il se faisait de l’esthétique chinoise, indienne ou nippone. Il n’est donc pas étonnant que la première exposition thématique du Musée Yves Saint Laurent à Paris soit consacrée à « L’Asie rêvée ». Un choix également motivé par le fait qu’Aurélie Samuel, directrice des collections de ce nouveau musée de mode, ait été auparavant conservatrice à Guimet. Cette précédente casquette apparaît clairement dans le parcours, qui présente quantité de textiles et d’objets anciens émanant du Musée national des arts asiatiques ou des collectionneurs privés qui font partie de ses prêteurs habituels. À travers ces vases Ming, ces capes tibétaines, ces boîtes laquées ou ces disques de jade exposés au côté des créations de Saint Laurent, l’idée était de donner une idée large du type d’objets que le couturier a pu regarder (dans des livres, dans des musées ou chez ses amis friands d’orientalisme) et dont il a pu s’inspirer. Il a lui-même collectionné des œuvres asiatiques, mais celles-ci, dispersées lors d’une vente au Grand Palais en 2009, ne sont présentes au sein de l’exposition que sur des photographies. Dans ce dialogue entre Asie et Asie revisitée, certaines créations d’Yves Saint Laurent ne sont que des pâles reflets des modèles originaux, tels ces kimono très premier degré, d’autres surprennent par leur inventivité.