Saint Jérôme en majesté

Avec la présentation en exclusivité du Saint Jérôme lisant, qui sort pour la première fois d’Espagne depuis sa découverte en 2005, cette rencontre marque le dixième anniversaire du musée actuel. Les deux tableaux de l’ermite sont admirables et éloquents. L’ascète, barbu, torse nu, agenouillé, tient dans une main une croix de bois, dans l’autre sa discipline tachée de sang. Datent-ils de 1630 ? Quel est le plus ancien ? Difficile à savoir tant avec La Tour les questions de chronologie relancent des débats aussi riches que passionnés, comme sont complexes les problèmes d’attribution, d’ateliers ou de cercles.

Un autre chef-d’œuvre rehausse l’exposition, le Saint Jérôme lisant venu d’Angleterre. Même « usé et d’un aspect plus fondu », ce tableau garde une charge émotionnelle immense. Une douce clarté tombe sur le crâne et les épaules du saint. Nouveau jeu de mains : dans l’une, des bésicles ; dans l’autre, une lettre dont les plis soulignent la délicate transparence du papier. Contrastant avec la sobriété du camail rouge, les fronces blanches des manches ajoutent une note de tendresse au silence dans lequel le vieil homme est plongé. Autour du maître, un ensemble de tableaux traitant du thème hiéronymien permet de faire des rapprochements captivants, au seul profit ou presque de Georges de La Tour.