Sage anthologie de la performance

Inaugurée à l’occasion du lancement de performance-art.fr, une riche base de données dédiée à cette problématique, l’exposition porte dans son ADN le caractère documentaire de ce projet, visant à constituer un important fonds d’archives de la discipline.

Si la démarche archivistique est parfaitement cohérente avec la création d’une base de données, elle soulève, en revanche, quelques problèmes méthodologiques dans le cadre d’une exposition. Car à vouloir rendre compte de toutes les manifestations liées à cette pratique, elle perd de vue un des enjeux de l’histoire de l’art : la nécessité de hiérarchisation des œuvres. Plus proche d’une attitude ethnographique qu’historique, l’exposition fait ainsi voisiner des témoignages d’œuvres essentielles à la compréhension de cette tendance de fond de l’art contemporain, avec des propositions nettement moins pertinentes.
Toutes les stars locales sont évidemment présentes : Arman, Orlan, Pinoncelli, Jean Mas et, bien sûr, l’incontournable Ben. Afin de coordonner le travail d’artistes aux pratiques très différentes – art du comportement, happenings et actions engendrant des œuvres plastiques –, les événements sont présentés selon seize sections, définies non pas selon leur typologie, mais en fonction des lieux où se sont tenues les performances : bords de mer, galeries, cafés, etc.

Ce grand nombre d’entrées façonne un parcours trop long, où l’on ne trouve pas d’œuvres stricto sensu, hormis une salle diffusant de nombreux enregistrements, mais les souvenirs de ces manifestations. Or, si la performance, par nature éphémère, ne peut être appréhendée qu’à travers ses traces – photographies, affiches ou tracts –, la profusion d’archives un peu austères proposées ici peine à retranscrire la vitalité de cette nébuleuse artistique et à intéresser le visiteur.