Confier à des artistes contemporains la réalisation de vitraux dans des édifices religieux : si l’idée n’est pas neuve, les commandes se multiplient en France. Le Centre international du vitrail se penche sur vingt-sept chantiers mis en œuvre ces dix dernières années.
Braque, Matisse et Chagall, mais aussi Manessier, Aurelie Nemours et Soulages, ont réalisé au xxe siècle quelques-uns des plus beaux vitraux de notre patrimoine religieux. Aujourd’hui, les commandes à des artistes contemporains sont nombreuses et les projets ambitieux pour éclairer églises et cathédrales. À travers l’exposition « Lumières contemporaines », le Centre international du vitrail, à Chartres, rend compte de vingt-sept chantiers mis en œuvre ces dix dernières années en France. Le panorama n’est pas exhaustif, mais rassemble néanmoins une belle palette d’artistes, de Sarkis – maître de la lumière et des ambiances colorées – à Gérard Garouste, de Philippe Favier à Carole Benzaken, dont les motifs végétaux (L’Arbre de Jessé) très colorés illuminent l’église Saint-Sulpice de Varennes-Jarcy, dans l’Essonne.
Rendre compte de projets destinés à vivre au cœur d’un édifice, d’une architecture particulière où ils prendront leur vraie dimension, n’est pas aisé. Maquettes, dessins, cartons, peintures et exemples de vitraux à l’appui, l’exposition remplit l’objectif premier de Jean-François Lagier, directeur du centre : donner aux visiteurs l’envie de découvrir les créations in situ. D’aller admirer les premiers vitraux du peintre Stéphane Belzère à la cathédrale Notre-Dame de Rodez ou de suivre le carré rouge de Matthew Tyson décliné sur chacune des ouvertures de la cathédrale Saint-Pierre à Saint-Claude (Jura). De se rendre à Romans-sur-Isère (dans la Drôme), pour relire L’Apocalypse interprété par Georg Ettl, version très contemporaine de la tradition biblique ; de visiter l’église Notre-Dame de Talant (Côte d’or), où Gérard Garouste a réalisé quarante-six vitraux monumentaux.
Artistes croyants ou athées, habitués de ce type de travail comme Bernard Foucher et Kim En Joong – à qui l’on doit les vitraux de la cathédrale d’Évry et ceux de la chapelle du Perguet, à Bénodet – ou expérience nouvelle, la plupart des projets s’avèrent convaincants. L’exposition met en évidence les techniques employées, classiques pour beaucoup – le verre et le plomb –, plus innovantes pour d’autres grâce à l’informatique chez Martial Raysse (Notre-Dame-de-l’Arche-de-l’Alliance, Paris) ou à un système de stores colorés dans le travail de Claude Rutault à Saint-Prim (Isère). Figuratifs ou abstraits, présence discrète ou véritable « habitation » du lieu comme c’est le cas chez Christophe Cuzin qui a peint les murs et réalisé le mobilier liturgique de l’église Saint-Martin de Lognes, les projets de tous ces artistes ont en commun un profond respect du lieu qu’ils investissent, en le révélant aux couleurs d’une lumière nouvelle.
« Lumières contemporaines », CHARTRES (28), Centre international du vitrail, 5 rue du cardinal Pie, tél. 02 37 21 65 72, www.centre-vitrail.org, 23 avril 2005-31 août 2006, cat. Centre international du vitrail/Gaud, 256 p., 39 euros.
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Sacrées lumières
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : Sacrées lumières