Comment Rubens est-il devenu Rubens, l’astre géant de la peinture baroque ? C’est ce qu’entend montrer l’exposition de Londres, en suivant les étapes de la formation et de la maturation de son génie, à travers une centaine d’œuvres, allant des années d’apprentissage au retour triomphal à Anvers.
L’itinéraire de jeunesse de Rubens est exemplaire : il fait exactement ce qu’il faut, au bon moment, au bon endroit et de la meilleure façon pour, à la fois, se développer artistiquement et avancer dans la carrière.
Il quitte Anvers en 1600, après avoir acquis sa maîtrise, et entre au service du duc de Mantoue, comme peintre de cour, et davantage : ses qualités intellectuelles, sa distinction, son tact, le qualifient pour assumer des missions diplomatiques. Il est en contact étroit avec les cercles humanistes et devient un grand connaisseur de l’Antiquité. Pendant ce séjour de huit ans en Italie, il voyage à Mantoue, Venise, Rome, Gênes et Madrid (où il rencontre Vélasquez). Et il ne cesse d’étudier et de copier : la sculpture antique, Mantegna, Léonard, Raphaël et Michel-Ange, les grands vénitiens, sans oublier Caravage. Magnifiques copies où les modèles sont vivifiés, infusés d’un sang neuf.
Il se constitue ainsi un important répertoire de dessins et d’esquisses qui lui servira toute sa vie. Mais surtout, il tire de ses études un merveilleux profit, son art s’agrandit de tout ce qu’il absorbe.
En tant que peintre de cour, il réalise des portraits d’apparat de l’aristocratie de Mantoue et de Gênes, œuvres monumentales d’une virtuosité ostentatoire. Et il obtient ses premières grandes commandes religieuses, pour les églises de Mantoue, de Gênes et de Rome.
Lorsque, à la mort de sa mère (1608), il revient dans sa ville, celle-ci ne le laissera plus repartir. La conjoncture est favorable. La trêve de Douze ans garantit une ère de paix entre les Pays-Bas du Nord et du Sud. Retombée dans le giron hispano-habsbourgeois, Anvers connaît une intense restauration catholique. Les églises avaient été vidées par l’administration calviniste, il faut les regarnir d’images adaptées aux nouvelles orientations catholiques.
Rubens possède l’outil visuel qu’elles réclament, un art perfectionné, savant, rompu à toutes les subtilités de la rhétorique chrétienne et humaniste, moderne, héritier de la grande tradition italienne, et qui a préservé ses racines flamandes ; un art qui suscite l’émotion, séduit la vue, satisfait l’esprit, et qui bientôt fera l’admiration de toute l’Europe.
« Rubens, naissance d’un génie », National Gallery, Trafalgar Square, Londres, www.nationalgallery.org.uk, jusqu’au15 janvier.
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Rubens, naissance d'un génie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Rubens, naissance d'un génie