Robert Ryman se définit volontiers comme un peintre réaliste.
L’exposition de peintures sur carton ondulé proposée par Marc Blondeau (en collaboration avec la Pace Gallery de New York), dans son nouvel espace de la rue de Verneuil, le rappelle à nouveau. Si le blanc est l’univers exclusif de Ryman, c’est un blanc longuement et savamment élaboré, qui est loin d’être aussi virginal qu’on pourrait ou voudrait le croire à première vue. La couleur, en réalité, vient de loin, elle remonte d’une profondeur complexe et incertaine, pour s’épurer et s’imposer peu à peu. Le choix des matériaux est de première importance et Ryman les a systématiquement explorés depuis plus de trente ans. L’huile, l’acrylique, la caséine, le vinyle, le coton, le lin, le bristol, l’aluminium, la fibre de verre, l’acier, le carton sont autant de variables essentielles aux motifs immuables du plan carré et du blanc.
Le réalisme est parfois teinté de maniérisme, quand la problématique du cadre ou celle du système d’accrochage, curieusement encombrantes, prennent une importance démesurée. Rien de tel dans la présente exposition, d’une extrême simplicité qui, incontestablement, grandit ces œuvres d’un format modeste. La peinture insistante de Ryman a sans doute perdu une part de son mystère, mais elle persiste à s’imposer sans plus chercher à convaincre.
Marc Blondeau, 14/16 rue de Verneuil, 75007, jusqu’au 26 mars.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Robert Ryman au carré