Robert Nanteuil, l’élite de la gravure

Son génie a trouvé en Suisse une terre d’accueil depuis que la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex a recueilli, en 2010, quelque 300 estampes du maître. Celles-ci furent rassemblées au XIXe siècle par le Dr Henri Rossier avant d’être confiées au Musée Jenisch de Vevey, dépositaire des collections de la Fondation.

Le musée fête ce dépôt en consacrant à Nanteuil une rétrospective limitée à ses gravures, car le buriniste fut aussi pastelliste. Des centaines de regards se posent sur le visiteur dès son entrée dans l’exposition qui ouvre sur une vaste galerie de portraits gravés en taille-douce. Toute l’élite sociale de la France de Louis XIV est ici convoquée. Le roi, ainsi que les princes du sang, les ministres, les prélats et les grands hommes de lettres, ont posé pour l’artiste, qui s’imposa comme le graveur des people du Grand Siècle.

Son talent ne fut pas d’immortaliser les visages des célébrités, mais de les avoir représentés avec une vérité sans doute inégalée. Tantôt sévères, joyeux, tristes ou songeurs, ses portraits trahissent des états d’âme en lien avec l’ambition du modèle. Celui-ci, dessiné d’après nature, est animé, par la magie du burin de Nanteuil, d’une incroyable présence. Ses confrères durent admettre qu’il fut le premier graveur à représenter, en noir et blanc, « les couleurs de la chair ».