LUDWIGSHAFEN AM RHEIN / ALLEMAGNE
L’exposition que consacre le Wilhelm-Hack-Museum aux artistes distingués par le prix de dessin de la Fondation d’art contemporain Daniel & Florence Guerlain a lieu après celle que le Centre Pompidou avait organisée pour les dix ans du prix.
Le musée allemand a, pour sa part, choisi une approche thématique plutôt qu’une présentation chronologique. Le prisme, très littéraire, des « autofictions » sert de prétexte pour embrasser dans leur grande diversité les quelque cent soixante œuvres présentées, signées d’une trentaine d’artistes. Le support papier est leur point commun, mais celui-ci n’exclut ni le collage, ni l’aquarelle ou tout autre technique mixte. L’exposition est découpée en quatre chapitres, de « L’éloquence de la ligne » au « Storytelling », en passant par les « Réflexions intimes » et les « Mythologies privées ». Des constructions spatiales tracées au stylo-bille de Thomas Müller aux pastels noirs narratifs de Marcel Van Eeden, le spectre est large. D’autant plus que, là où chez certains le dessin est vecteur unique de création, chez d’autres, comme Susan Hefuna, cette pratique solitaire correspond à un moment défini dans le temps et l’espace auquel l’artiste germano-égyptienne se livre chaque année, sur une durée de trois mois environ, à New York. Ainsi, l’impression de saisir, à travers ce panorama très varié, un aperçu complet des tendances actuelles concourt-elle à faire de cette exposition une expérience aussi stimulante que réjouissante, malgré un dispositif d’éclairage qu’on aurait aimé plus efficace.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Richesse narrative du dessin contemporain