L’exposition Lucian Freud au musée d’Art contemporain de Los Angeles présente plus d’une centaine d’œuvres. Peintures à l’huile, aquarelles, dessins, gravures déclinent soixante ans de carrière de l’illustre portraitiste.
Le grand-père de Lucian, Sigmund Freud, comparait souvent son travail d’analyste à celui d’archéologue. Par le biais de la peinture, Lucian propose un décorticage patient de ses modèles. Des strates de chair comme autant de couches de sédiments laissés par le temps brossent la mémoire du corps de façon quasi palpable à la surface du tableau.
Les personnages saisis sur le vif appellent au dialogue et ont l’éloquence des œuvres d’un Frans Hals dans le rendu sans concession de la peau. Les personnages chez Freud sont éblouis par une lumière crue qui rappelle le flash de l’instantané photographique. Devant les portraits de la mère de l’artiste, on pense aussi aux sculptures incarnées de Giacometti. Les peaux sont molles, usées et décharnées et répondent aux plis des manteaux, costumes et coussins des sofas où posent les modèles.
Les portraits se succèdent, le trait est toujours précis comme le scalpel d’un chirurgien. L’invention ne s’arrête pas aux matières épaisses, lisses ou transparentes, elle apparaît aussi dans le cadrage des scènes. Freud n’a jamais caché son admiration pour l’œuvre de Grosz, mais tout au long de l’exposition on pense souvent à Egon Schiele. L’hommage à cet autre « suicidé de la société » viennoise est frappant devant un récent autoportrait. Freud, la main droite sur la poitrine, le visage émacié, reprend la même pause qu’un célèbre autoportrait de Schiele.
Par ailleurs, Freud continue la tradition du portrait anglo-saxon.
Il peint des êtres familiers de façon rigoureuse mais qui semblent, à la manière de la pratique thérapeutique, nous garder à distance. En bon praticien, Freud conserve son secret pictural.
LOS ANGELES, Museum of Contemporary Art, 250 S Grand Avenue, tél 213 621 2766, www.MOCA-LA.org, 9 février-25 mai.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Rétrospective Freud
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Rétrospective Freud