Pour sa cinquième édition, le cycle d’expositions « Mutations/créations » au Centre Pompidou s’intéresse à un motif omniprésent dans les sociétés contemporaines : le réseau.
Cette exploration se fait selon une formule désormais rodée, qui croise approche prospective, pluridisciplinarité et robustesse intellectuelle. Comme les expositions précédentes, « Réseaux-mondes » rassemble une soixantaine d’œuvres d’art, de design, de musique et d’architecture, qui viennent donner corps à une vaste frise chronologique déployée dans la première salle. Celle-ci fait remonter au XIIe siècle l’apparition du mot « réseau ». Issu du latin retis (le « filet » ou le « nœud »), il a d’abord eu ce sens très matériel avant de s’étendre au corps (les réseaux sanguins), aux infrastructures de télécommunications et à l’espace urbain. Dans les premières salles, les objets et œuvres présentés circulent entre ces acceptions récentes. Souscrivant à la définition du réseau comme « territoire sans limites » (Umberto Eco), l’exposition évoque d’abord les utopies architecturales des années 1960-1970. La Ville spatiale de Yona Friedman ou la New Babylon de Constant s’y affirment comme les premières déclinaisons d’un « village global ». Elles font face aux œuvres télématiques ressuscitées par le PAMAL_Group sur d’authentiques Minitels et, dans la deuxième salle, aux premières créations du Net art. Y point déjà la critique de ce qu’est devenu le web : un possible outil de surveillance et de crétinisation. Les salles suivantes ouvrent quant à elles sur des approches biologiques du réseau, via un corpus d’œuvres fondées sur l’exploration des liens et symbioses entre humain et non-humain. Aux écrans, câbles et dispositifs interactifs succèdent alors des trames, des nœuds, des tapisseries, des pièces de vannerie. Comme si l’hégémonie des réseaux numériques venait nourrir en retour des pratiques artisanales ourlées autour du tissage et de l’enchevêtrement…
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Réseaux entrelacés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Réseaux entrelacés