Lieu sacré autant que dieu vénéré, s’élevant au cœur de l’île de Honshu et visible de partout, Fuji san, le mont Fuji, est l’acteur unique de cette pièce hivernale.
Sur les soixante-dix estampes tirées du vaste fonds du musée et couvrant près de deux siècles de l’histoire de ces gravures sur le sujet, son sommet encapuchonné de neige apparaît sans cesse afin de donner sens et perspective à chaque scène. D’abord sous la main d’Hokusai, le maître des nuances de bleu de Prusse, puis sous celle d’Hiroshige, qui humanise la montagne, ensuite de Kawase Hasui, qui modernise la tradition en réalisant les estampes shin-hanga, le cône parfait sert de prétexte aux artistes pour réaliser d’infinies et subtiles variations. En 1740, avec Okumura, le Fuji émerge d’un paysage monochrome ; près d’un siècle plus tard, Yashima Gakutei le stylise tout en accusant les contrastes. La couleur des érables, la vigueur des ruisseaux, les hommes pérégrinant sur les routes servent de contrepoint à la géométrie parfaite du dôme. Un dôme pas si régulier que cela, comme le prouve une photographie de Felice Beato, célèbre reporter arrivé au Japon en 1863. On note au fil des œuvres combien il faut de talent et de technique aux créateurs nippons pour jouer avec les réserves de blanc qui assurent à la neige omniprésente cette « blancheur immaculée » dont parle Kawabata. Le visiteur est séduit par la diversité des points de vue et l’éventail des angles grâce auxquels le Fuji tient avec une puissance renouvelée son rôle de kami, d’esprit.
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Représenter l’hiver japonais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°736 du 1 septembre 2020, avec le titre suivant : Représenter l’hiver japonais