musée

René Drouin, marchand de Dubuffet

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juillet 2001 - 243 mots

Droit comme un I, les deux mains grandes ouvertes en forme de croix, la silhouette de René Drouin peinte par Dubuffet en 1946 est littéralement creusée dans la matière picturale. Les institutions se seraient-elles enfin décidées à rendre hommage à ces figures majeures de la scène artistique que sont les marchands ? Souhaitons-le, parce qu’un véritable travail de mémoire est à faire de ce côté-là, afin de ne pas laisser tomber dans l’oubli leur action (à quand une exposition sur Lucien Durand ou Jean Fournier ?). Architecte-décorateur de formation, René Drouin (1905-1979) ouvre place Vendôme, en 1939, une galerie d’art décoratif en collaboration avec Léo Castelli pour présenter très vite les œuvres d’artistes alors peu connus qui le passionnent : Rouault, Kandinsky, Dubuffet, Fautrier, Wols, Michaux. Installé par la suite rue Visconti, dans le quartier de Saint-Germain, Drouin impose contre vents et marées la rigueur et la qualité d’un regard qui trouve en Malraux, Paulhan et Tapié un appui littéraire déterminant, l’encourageant à développer une activité d’éditeur. René Drouin, un grand Monsieur qui, s’il n’avait guère le sens des affaires, n’en a pas moins marqué l’art d’une époque, celle des années 1945-65, alors que Paris demeurait la capitale mondiale de l’art. De cette aventure unique, l’exposition des Sables d’Olonne rassemble une centaine d’œuvres et une documentation passionnante. Leçon d’histoire et plaisir esthétique mêlés.

- LES SABLES D’OLONNE, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, rue de Verdun, tél. 02 51 32 01 16, 7 juillet-7 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°528 du 1 juillet 2001, avec le titre suivant : René Drouin, marchand de Dubuffet

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