Connu pour ses peintures pâles distillant le mystère, Luc Tuymans est l’ordonnateur de cette exposition, inscrite au programme du festival « Antwerp Baroque 2018.
Rubens Inspires ». Évitant à dessein et avec raison toute chronologie ou thématique pour construire son propos, son intention est de « dépoussiérer » la période et « d’époustoufler » le visiteur. Rien de moins. Partant de quelques noms célèbres du baroque flamand auxquels s’ajoutent Caravage et Zurbarán, il convoque jusqu’à l’excès des artistes contemporains belges et étrangers et met en miroir leurs œuvres avec une petite sélection de tableaux de ces maîtres. Entre un délicat portrait de Van Dyck et les sculptures dorées aux douleurs exacerbées réalisées en 1758 par Johann Georg Pinzel, s’échelonnent en désordre Sigmar Polke, Lucio Fontana, On Kawara et les autres. Choc des formes, des matières, des dimensions, la confrontation interpelle mais reste en-deçà de son ambition initiale. Certaines œuvres, comme les bustes de Nadia Naveau ou les vidéos de Dominik Lejman, proprement baroques, c’est-à-dire exubérantes et décalées, innovent, attirent ou repoussent, mais jamais ne laissent indifférents. Tant mieux. Mais la plupart déroulent les clichés convenus et se diluent les unes dans les autres. Tant pis. Le questionnement et la sommation faite au regard viennent de la gigantesque installation de Five Car Stud créée par Edward Kienholz en 1969, présentée à la Documenta 5 en 1972 et venue de la Fondazione Prada. Une immersion dans un drame oppressant.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Rencontres baroques