Mort à trente-cinq ans, Rémi Blanchard (1958-1993) a laissé une œuvre nombreuse et habitée, davantage inspirée par le rêve et les contes que par la bande dessinée comme celles de ses camarades Robert Combas et Hervé Di Rosa.
Selon Benoît Decron, conservateur du musée et co-commissaire de l’exposition, Blanchard représente « le côté doux de la Figuration libre ». Sous ses abords légers, sa peinture n’en est pas moins profonde. La solitude, l’isolement, la nuit, le sommeil, la lecture, l’errance – à travers le personnage du vagabond – sont des thèmes récurrents. C’est aussi tout un bestiaire qui peuple ses compositions : le chat, le cerf, le cheval, les oiseaux, toujours porteurs d’une symbolique forte.
Extrêmement colorées, joyeuses par l’énergie du geste et des formes, les peintures de Blanchard rappellent l’illustration – parfois le vitrail –, relevant d’un certain primitivisme dans la simplicité quasi enfantine des formes. Son imagerie et ses couleurs sont pleinement ancrées dans l’esthétique des années 1980 – celle de la musique pop, des premières pochettes de disques des Rita Mitsouko ou
d’Étienne Daho, des débuts de l’informatique... –, avec une fraîcheur réjouissante. Marquée par son époque, l’œuvre n’a pas aujourd’hui la place qu’elle mérite ; cette belle exposition et le catalogue qui l’accompagne devraient contribuer à la reconsidérer. Singulier et personnel, l’art de Blanchard se nourrit de multiples influences, de Matisse qu’il admire – ses intérieurs décoratifs, le goût pour le motif et l’objet, les compositions aux perspectives raccourcies – à Keith Haring (Blanchard se rend plusieurs fois aux États-Unis), pour les lignes noires qui cernent des personnages très stylisés, en aplats colorés. Le parcours se termine sur deux œuvres emblématiques, annonciatrices de l’inéluctable fin.
Paradis artificiel (1992), qui montre dans un rouge flamboyant un enfant serrant une sorte de peluche et au loin un homme endormi (déjà mort ?), est une œuvre émouvante ; il s’en dégage une impression d’urgence, de danger, au milieu d’une composition où règnent le sommeil et la paix. Dans Icare (1993), un personnage très matissien regarde le ciel, un avion au bout de la main. Cette œuvre poétique est sans doute la dernière de l’artiste.
« Rémi Blanchard », LES SABLES D’OLONNE (85), musée de l’Abbaye Sainte-Croix, rue de Verdun, tél. 02 51 32 01 16, 3 octobre-2 janvier, cat. Somogy, 200 p., 40 euros. L’exposition sera ensuite présentée au cercle d’art contemporain du Cailar (30), 6 mars-29 mai.
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Rémi Blanchard, la douceur à l’état brut
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : Rémi Blanchard, la douceur à l’état brut