Paris célèbre le 400e anniversaire de la naissance du maître hollandais, avec quatre expositions consacrées à sa production graphique.
PARIS - Alors que les musées néerlandais célèbrent avec faste le 400e anniversaire de la naissance de Rembrandt en exposant quelques-uns de ses plus beaux tableaux, Paris consacre une saison au maître hollandais en mettant en exergue sa production graphique, notamment les gravures réalisées selon la technique de l’eau-forte. Procédé pour le moins délicat, le travail de l’aquafortiste est expliqué en prologue de l’exposition de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Y sont montrées une centaine d’eaux-fortes selon un parcours aéré et pédagogique. La présentation met en évidence la manière de travailler de Rembrandt, en exposant côte à côte les différents états d’une même gravure, ainsi que deux plaques de cuivre acquises récemment, sur lesquelles Rembrandt a exécuté Le Baptême de l’eunuque et une Femme nue assise les pieds dans l’eau. Classés par ordre chronologique et thématique (portraits, motifs religieux, paysages, nus et sujets libres), des feuilles telles L’Adoration des bergers à la lanterne (vers 1652), Le Christ présenté au peuple, « Ecce Homo » ou Rembrandt aux cheveux hérissés (vers 1631) montrent comment, en exerçant ses talents d’aquafortiste, Rembrandt a su faire de la gravure un art à part entière. « Il réussit à rendre des expressions, des sentiments, des émotions, des sensations, des impressions intemporelles, avec une acuité et une intensité qui fascinent », précise dans le catalogue la commissaire de la manifestation, Gisèle Lambert. Peut-être plus encore que les autres gravures, Les Trois Croix, hallucinante interprétation du calvaire, témoignent de sa capacité à provoquer un choc visuel en jouant sur les contrastes du clair-obscur et l’intensité du graphisme. Il s’agit de « la plus grandiose des compositions gravées de Rembrandt, la plus personnelle aussi de ses évocations bibliques. Celle qui, dans la succession des états, présente, avec le 4e, la recréation la plus radicale et la plus inspirée de toute l’histoire de la gravure », estime Sophie Renouard de Bussierre, conservateur au Petit Palais et co-commissaire de la manifestation que le Musée des beaux-arts de la Ville de Paris organise parallèlement à celle de la BNF. L’institution dévoile au public la richesse du legs Eugène Dutuit (1807-1886), soit cent quatre-vingts gravures. L’éclairage, des plus subtiles, permet d’apprécier dans leurs moindres détails le portrait de Jean Six (1647) ou La Pièce aux cent florins (vers 1649). Des chefs-d’œuvre que l’on retrouve également à l’Institut néerlandais où est présenté le fonds Frits Lugt qui a réuni plus de trois cents gravures de Rembrandt (lire le JdA no 230, 3 février 2006). Loin de se compléter, les trois manifestations sont assez similaires, et toutes permettent de mesurer les qualités techniques et le génie créateur de Rembrandt. On peut seulement regretter qu’elles n’aient pas été mieux coordonnées pour, chacune, aborder une des spécificités de cet immense œuvre gravé. De son côté, le Musée du Louvre a lui profité de cet anniversaire pour réunir une soixantaine de dessins de Rembrandt, provenant des collections publiques françaises : des esquisses exécutées rapidement, des croquis reprenant les grands thèmes bibliques, quelques études d’animaux, comme le célèbre Lion au repos, aux côtés de (trop) rares études approfondies. Un petit hommage.
- REMBRANDT – EAUX FORTES, jusqu’au 14 janvier, Petit Palais, Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, Avenue Winston- Churchill, 75008 Paris, tél. 01 53 43 40 00, www.petitpa lais.fr, tlj sauf lundi, 10h-18h. Catalogue, 400 p., 50 euros. - REMBRANDT – LA LUMIÈRE DE L’OMBRE, jusqu’au 7 janvier, Bibliothèque nationale de France – Site Richelieu, Galerie Mazarine, 58 rue de Richelieu, 75002 Paris, tél. 01 53 79 59 59, www.bnf.fr, tlj sauf lundi, 10h-19h et 12h-19h le dimanche. Catalogue, 278 p., 49 euros. - LES EAUX FORTES DE REMBRANDT DANS LA COLLECTION FRITS LUGT (série de 3 expositions), jusqu’au 3 décembre, Institut néerlandais, Hôtel Turgot, 121, rue de Lille, 75007 Paris, tél. 01 47 05 75 19, www.insti tutneerlandais.com, tlj sauf lundi 13h-19h. - REMBRANDT DESSINATEUR, jusqu’au 8 janvier, Musée du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-18h et 9h-22h les mercredis et vendredis. Catalogue, co-édition Le Louvre/Somogy, 192 p., 29 euros.
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Abonnez-vous dès 1 €- Nombre d’œuvres exposées BNF : 100 Petit Palais : 180 Institut néerlandais : 200 Musée du Louvre : 64 - Commissariat : BNF : Gisèle Lambert, conservateur en chef honoraire au département des Estampes de la BNF, Elena Santiago Páez, responsable honoraire du service des Dessins et Gravure de la Bibliothèque d’Espagne Petit Palais : Sophie Renouard de Bussierre, conservateur en chef du Patrimoine, et Gilles Chazal, directeur de l’établissement Institut néerlandais : Mària van Berge-Gerbaud, directeur de la Fondation Custodia Musée du Louvre : Peter Schatborn, conservateur émérite du Rijksprentenkabinet, Rijksmuseum, Amsterdam, et Carel van Tuyll van Serooskerken, conservateur au Musée du Louvre, chef du département des Arts graphiques
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : Rembrandt à la page