Au xviie siècle, des communautés juives venues du Portugal et d’Europe centrale s’installent à Amsterdam où règne une plus grande tolérance. Le regard de Rembrandt va en être modifié…
C’est à une passionnante lecture de l’œuvre de Rembrandt que nous convient Laurence Sigal-Klagsbald et Alexis Merle du Bourg, co-commissaires de la très érudite exposition qui se tient au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. Loin des célébrations officielles prétextant l’anniversaire de la naissance du peintre pour organiser de plus ou moins réussis rassemblements de gravures ou de toiles, cette ambitieuse manifestation s’interroge sur les rapports qu’entretint le grand maître hollandais avec la communauté juive d’Amsterdam. L’exposition questionne aussi sur l’influence que cette cohabitation tant géographique que spirituelle aurait eue sur son œuvre.
La « nouvelle Jérusalem », terre de relecture des Écritures
Soit un sujet éminemment délicat lorsque l’on sait les fantasmes romantiques, voire les délires d’historiens de l’art qui se sont attachés à « judaïser », dès le xviie siècle, la production rembranesque, baptisant « juifs » un nombre impressionnant de portraits pittoresques de vieillards mélancoliques ou de vagabonds en guenilles, avant de se rétracter de façon tout aussi radicale ces trente dernières années.
Infiniment plus subtil, le propos des deux commissaires est tout autre. Commençant par brosser le contexte économique et social d’Amsterdam au temps de Rembrandt (première place bancaire, financière et commerciale d’Europe, mais aussi terre de tolérance et d’accueil pour le philosophe Spinoza, comme pour les milliers de juifs originaires de la péninsule ibérique et d’Europe centrale fuyant les massacres et les persécutions), l’exposition brosse à travers quelque cent
quatre-vingt-dix peintures, gravures et documents rares, la rencontre inattendue et fructueuse qui s’opéra entre les communautés juive et protestante au sein de la cité, perçue, dès lors, comme la « nouvelle Jérusalem ».
C’est précisément dans ce contexte de débats théologiques et d’échanges intellectuels que s’inscrit l’originalité du regard porté par Rembrandt sur les juifs, en même temps que s’élabore sa relecture très novatrice et personnelle de la Bible et des sujets tirés de l’Ancien Testament. Soit une façon de transcender l’anecdotique pour mieux atteindre l’universel…
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Rembrandt et le monde juif…
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : Rembrandt et le monde juif…