Alors que le Musée national d’art moderne a abandonné le parti pris des accrochages thématiques après deux essais pourtant réussis, le musée des Beaux-Arts de Dunkerque persévère après un premier essai sur la couleur.
Cette année, il a choisi la nature avec son cortège de natures mortes, de paysages, de scènes pastorales, de sculptures naturalistes, d’allégories mythologiques ou religieuses, en puisant dans ses propres collections et aussi dans celles du Laac voisin ou du Frac Nord, entre autres prêteurs. Le parcours se veut libre entre les quatre grandes sections retenues, en dehors de toute pression chronologique et historienne. On peut s’étonner de cette méfiance à l’égard de la rigueur scientifique, car elle n’empêche en rien les accrochages intuitifs, pas plus qu’elle n’entrave la liberté du spectateur, mais c’est le choix assumé ici. Soit.
L’introduction du parcours revient néanmoins sur les origines même du musée, la vague encyclopédique qui conduisit l’établissement à ouvrir en 1838 avec des ensembles minéraux, fossiles, des moulages de champignons, des animaux naturalisés et de nombreux documents sur papier. Cette caverne des merveilles en guise de prologue permet de découvrir l’ambition du musée à ses prémices et d’exhumer de ses réserves des trésors.
À partir de ces spécimens, le visiteur peut aborder le nouvel accrochage des collections par le premier pôle thématique : le sublime. Aux œuvres classiques qui le constituent, comme des toiles de paysages et de ruines peintes au XVIIe siècle par Patel et Allegrain, s’articule une incursion contemporaine de Marilyne Terrier. Le musée a en effet invité quatre artistes contemporains à entamer une discussion féconde avec ce fonds. Ici, l’artiste s’intéresse aussi aux structures abandonnées, mais c’est une piscine transformée dans son abandon, un biotope, réservoir botanique incongru et spontané.
Au fil du « Paradis sur terre », nom de la seconde section, on plonge en plein pastoralisme, entre amour des vaches et paysannerie, les « Histoires (sur)naturelles » offrent leur lot de récits imaginaires et de fantasmagories, tandis que la conclusion est toute trouvée avec « Morte ? la nature ». Dans ce dernier volet, les études d’animaux agonisant entre résignation et spasme violent voisinent avec des natures mortes de gibier. Triste épilogue qui fait écho avec une justesse troublante à la situation actuelle du monde naturel, mis en joue par les hommes.
Voir « D’après Nature », musée des Beaux-Arts de Dunkerque, place du Général-de-Gaulle, Dunkerque (59), tél. 03 28 59 21 65, jusqu’au 31 août 2008.
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Réinventer l’après-midi au musée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Réinventer l’après-midi au musée