Si vous avez envie de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre d’un peintre exceptionnel aujourd’hui quelque peu oublié, Pierre Tal Coat (1905-1985), cela vaut vraiment le coup de faire un saut jusqu’à Pont-Aven ! Ami de nombreux artistes et poètes (Alberto et Diego Giacometti, André du Bouchet…), il exposait de son vivant dans des galeries aussi prestigieuses que la Galerie de France et la Galerie Maeght et il a eu une grande rétrospective aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris en 1976.
Le parcours de cette exposition, clairement chronologique, permet d’appréhender un cheminement de recherche et de création vers de plus en plus d’exigence et de simplicité, ce qui va souvent de pair. Né en 1905 à Clohars-Carnoët (Finistère), fils de marin-pêcheur et orphelin de guerre – son père est tué sur le front d’Argonne en 1915 –, l’artiste passe son enfance entre forêt et océan. Très tôt, il aime dessiner et sculpter ce qu’il voit. Il admire Paul Gauguin et côtoie les artistes installés à Pont-Aven et à Pouldu. Brièvement clerc de notaire, mouleur et peintre céramiste dans une faïencerie, modèle à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, il décide de consacrer sa vie à la peinture. Pendant soixante ans, Tal Coat va regarder, regarder, regarder. Et tenter de capter sur le papier ou sur la toile l’énergie qu’il ressent dans son corps et sa tête quand il regarde. À ses débuts, le peintre est debout face au monde, il le perçoit comme à travers une fenêtre. Puis son regard ressent plus qu’il ne voit. Ses peintures deviennent alors des présences, comme des morceaux de réalité, des fragments d’univers. Simples, parfois sublimes.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Redécouvrir Tal Coat !