L’image de femme est conditionnée à celle qu’on donne d’elle. Le dessin de mode, puis la photographie de mode, et plus généralement la photographie, ont été ses puissants vecteurs via les magazines féminins ou d’actualité.
En particulier entre 1900 et 1950, comme le raconte si bien Sylvain Besson, directeur des collections du Musée Nicéphore Niépce, et François Cheval, son prédécesseur, à partir des fonds du musée particulièrement bien dotés en revues, dessins et photographies de cette période.
À cet égard, le titre de leur exposition « Le chic français. Images de femmes 1900-1950 » est trompeur. Car il ne s’agit pas vraiment d’une histoire de la représentation de la mode, bien que leur propos ouvre sur les dessins de mode commandés par Paul Poiret et le rôle joué par les revues de théâtre et la presse féminine jusqu’au début de 1920. Il s’agit avant tout de l’histoire de l’émancipation des femmes et de leurs images, et du rôle joué à ce propos par des photographes et des patrons de presse visionnaires tel Lucien Vogel (1886-1954). Le créateur de La Gazette du bon ton (1912), du Jardin des modes (1920) et du Vogue français (1920), pour ne citer qu’eux, a été également le fondateur de l’hebdomadaire d’actualités Vu, inventeur du photoreportage et de la photographie d’auteur.
Jusque dans les années 1920, les coûts d’impressions du médium photographique ont limité son utilisation dans la presse. La fin de la Première Guerre mondiale donne naissance à une nouvelle ère. L’avant-garde photographique bouscule les codes. Si Man Ray et Horst P. Horst comptent parmi les illustres auteurs de cette révolution et sont présents dans l’exposition, la part belle donnée à Maurice Tabard, André Steiner, Germaine Krull et Jean Moral ou à l’étonnante série de portraits de sa femme qu’a faits Daniel Masclet sur plus de vingt ans ramène au premier plan des photographes de talents tout aussi réputés. Les compagnes de ces photographes ont souvent servi de modèle. Pour le meilleur. Les portraits de Juliette de Jean Moral resplendissent d’une liberté d’être et d’une créativité graphique inédite alors, avant que le chaos de la Seconde Guerre mondiale sonne le glas de ces années.
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Récit d’une émancipation
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Récit d’une émancipation