Raymond Hains, magicien hors norme

Est-il encore besoin de présenter Raymond Hains ? Est-il d’ailleurs possible de le faire sans risquer d’être à côté de la plaque ? Raymond Hains n’est en effet jamais là où on l’attend et il est difficile de le suivre. Impatience, frustration, surprise, c’est bien cela qui en fait un artiste hors pair. Voire hors norme. Le fait que plus d’un s’y soit cassé les dents et rongé les sangs donne la mesure d’une œuvre qui fascine, agace et rebute. C’est qu’à l’art du rebond, de la pirouette, de la digression, Raymond Hains n’a pas son pareil. Le souhait du Centre Pompidou de lui rendre hommage est à mettre au crédit d’une institution que l’on voit enfin véritablement s’aventurer, car rien n’est moins simple que
de montrer le travail de Raymond Hains. Tout d’abord, parce qu’il n’est pas certain qu’il en ait vraiment envie. Ensuite, parce qu’il est un infatigable inventeur et qu’à tout moment il change d’idée. Enfin, parce qu’il est un touche-à-tout de génie et qu’il ne sait pas lui-même de quoi demain sera fait. Qualifiée de « rétroprospective », l’exposition du Centre Pompidou organise la réunion d’œuvres nouvelles, spécialement produites pour l’occasion, et de rares pièces anciennes. Photographies, sculptures de trottoir, mosaïque réalisée à partir d’une affiche, palissade inédite inspirée par les écrans de surveillance des banques, installation autour de son site web... : si certains éléments jalonnent l’aventure de création de l’artiste, d’autres l’instruisent nouvellement. C’est que Raymond Hains n’est pas en reste et qu’il a toujours plus d’un tour dans son sac. En vrai magicien des (bons) mots et des images (incongrues) qu’il est.