En 1939, Raoul Hausmann trouva refuge à Peyrat-le-Château en Limousin avant de s’installer à Limoges.
Détenteur d’un fonds considérable de sept cents œuvres et d’archives de l’artiste autrichien, le Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart organise régulièrement des expositions à partir de ses collections riches en photographies, dessins, peintures, écrits et ouvrages. Le cofondateur du mouvement Dada fut un auteur prolixe, mais aussi un grand critique théoricien. Ce que rappelle le titre de l’exposition « Nous ne sommes pas des photographes », tiré de son texte « La photographie comme processus mental ». Des premières photographies de Berlin à ses derniers clichés réalisées à Limoges, le spectre des vintages sélectionnés dans le fonds, leur articulation en trois parties rendent sensible sa manière d’envisager de bout en bout le médium comme révélateur de formes. Troisième et dernier volet de l’exposition Raoul Hausmann coproduit avec Le Point du Jour à Cherbourg et le Jeu de paume à Paris, le propos de Sébastien Faucon, directeur du musée, rend particulièrement perceptible cet aspect de l’œuvre en prenant le parti pris de montrer les recherches de Raoul Hausmann après son départ d’Ibiza, en 1936. La dernière partie du propos est à ce titre particulièrement instructive sur la période 1939-1954 durant laquelle les explorations du mouvement ouvrent à des images puissantes comme celle de La plage, Limoges (Rêve de la plage), superposition de scènes de bord de mer réalisée en 1947 et qui n’est pas sans convoquer l’appropriation par les artistes pop art du Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, initialement intitulé Le Bain.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Raoul Hausmann, l’arpenteur des formes