Ah, les Marseillais, ces cochons de Méridionaux qui ne savent même pas chasser le lapin ! Comment auraient-ils pu se distinguer sur le champ de bataille autrement qu’en prenant leurs jambes à leur cou !
C’est du moins ce que l’état-major des armés françaises va s’attacher à faire croire pour expliquer pourquoi la France a perdu l’une des premières batailles qui l’oppose à l’Allemagne. Tout avait pourtant bien commencé : pressé d’en découdre, le général Joffre désobéit à sa hiérarchie et envoie ses troupes, dont les armées de Lorraine et de Provence, à l’assaut des Allemands, qui se dérobent pendant cinq jours. En réalité, ces derniers attirent les Français dans leur piège, jusqu’à l’endroit exact où ils ont réglé leurs tirs d’artillerie. Joffre ne veut pas entendre l’aviateur qui l’alerte. Le 20 août, c’est un carnage : les Méridionaux doivent reculer sous le feux des obus sans avoir vu un seul ennemi !, laissant sur le champ de bataille dix mille de leurs hommes. Joffre se dérobe à son tour, mais, lui, devant ses responsabilités, et accuse ses hommes de couardise pour sauver la face. Le ministre de la Guerre, Adolphe Messimy, qui veut faire un exemple, fait quant à lui publier dans les journaux un article diffamatoire sur cette armée de « lâches » du Midi : « La vérité sur l’affaire du 21 août, le recul en Lorraine ». Deux hommes, Auguste Odde et Joseph Tomasini, seront accusés d’automutilation puis exécutés. Sur quelques mètres carrés, le commissaire Jean-Yves Le Naour raconte cette tragédie avec une rare pédagogie. Appels à la mobilisation, journaux, lettre d’Apollinaire, obus gravés et carnets de soldats plongent le visiteur du XXIe siècle dans cette stupide Grande Guerre. Aux murs du Centre aixois des archives départementales, les planches originales du dessinateur A. Dan, qui a mis avec Le Naour cette histoire en BD (La Faute au Midi, éditions Bamboo), rendent l’histoire limpide, tout en permettant à cette exposition, organisée dans le cadre des dernières « Rencontres du 9e art » d’Aix, de garder une tension émotionnelle tout au long du parcours. Un modèle du genre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
A qui la faute !
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Centre aixois des archives départementales des Bouches-du-Rhône, 25, allée de Philadelphie, Aix-en-Provence (13)
www.archives13.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : A qui la faute !