Quand sculpter se conjugue au féminin

Quatre-vingt-seize pièces, de soixante-huit artistes du début du XXe siècle à nos jours, racontent une histoire encore trop peu connue du grand public : celle du rôle de premier plan tenu par les femmes dans la pratique de ce médium, longtemps réservé aux hommes. Pour la fondatrice du lieu, Danièle Marcovici, par ailleurs entrepreneure très engagée dans le respect du droit des femmes, cette manifestation a réellement valeur de manifeste : « Nous voulons montrer la profusion et la diversité des talents, mais aussi démonter les clichés qui subsistent encore. » Les œuvres s’attellent ainsi à démontrer que, si les questions du genre et de la maternité sont très présentes chez les sculptrices, leur production ne se cantonne pas aux thématiques et matériaux inhérents à un présupposé éternel féminin. Ce panorama rappelle, au contraire, qu’elles ont été de toutes les écoles et de toutes les avant-gardes, et bien souvent des pionnières dans leur domaine.
Le parcours repose sur des rencontres, parfois évidentes tant la filiation paraît aller de soi – Camille Claudel et Germaine Richier ou Niki de Saint-Phalle et Joana Vasconcelos. Il propose aussi des confrontations plus inattendues, à l’image du dialogue entre l’univers métallique et cinétique de Martha Boto et celui fantasque et froufroutant d’Anne Ferrer. Le principe, s’il est séduisant, ne fonctionne cependant pas dans toutes les salles, en raison du niveau parfois trop inégal entre les œuvres.