Quand la magie n’opère pas

Son château accueille la première exposition d’une série préfigurant l’ouverture en 2015 de la réplique de 3 000 m2 de la grotte Chauvet, en chantier non loin de là, à Vallon-Pont-d’Arc. En voulant s’associer au Grand Projet du territoire ardéchois, le musée parisien ne parvient qu’à imposer sa signature scénographique dans une exposition clés en main qui fait la part belle à ses collections, oubliant au fil du parcours les occupants de la grotte. Et s’offre en retour une belle vitrine en région.  Sur le thème de la chasse, l’exposition propose de faire écho aux pratiques des Aurignaciens qui vivaient ici il y a 36 000 ans, avec des objets des cultures extra-occidentales du XXe siècle. Si cela fonctionne pour les techniques, comme le maniement d’un propulseur, les résonances deviennent hasardeuses concernant la pensée magique et les rites autour de la chasse. Voire renforcent certains fantasmes sur la période préhistorique, qui n’a livré aucun écrit. Comment proposer alors un écho, même lointain, entre des fétiches zunis et des amulettes ivoiriennes zoomorphes et les dessins des parois de Chauvet dont on ne connaît pas la raison, ni la destination ? À l’étage, l’écho s’évanouit et laisse place exclusivement à la chasse aux têtes pratiquée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, que l’on peine à relier à des pratiques aurignaciennes. Le parcours s’achève confusément pour un public non initié sur les relations au monde des esprits, incarné par un Nkisi Nkondi du Congo et un Yipwon de Papouasie-Nouvelle-Guinée. La grotte Chauvet et ses occupants semblent déjà très loin.