XVIIe Siècle - On a longtemps considéré le David tenant la tête de Goliath de Guido Reni (1575-1642), conservé au Musée d’Orléans, comme une copie, l’original, provenant des collections royales, se trouvant au Louvre.
Il a cependant fallu attendre sa restauration en 2018 et son étude pour qu’il soit reconnu comme un original : la délicatesse du coup de pinceau révèle la main du maître, et l’imagerie infrarouge met au jour les repentirs et la construction du tableau. Un atelier d’artiste du XVIIe siècle ne produisait pas un « original » unique. Pour le faire comprendre aux visiteurs, le Musée des beaux-arts d’Orléans les plonge dans les pratiques de l’atelier de Guido Reni. Géré par l’un des artistes les plus renommés et les mieux payés de l’époque, le lieu, qui rassemblait une soixantaine de collaborateurs, est une véritable entreprise. Les sujets des tableaux sont repris, déclinés, et le maître bolonais n’a pas besoin de réaliser une œuvre seul pour la signer : il peut en confier la réalisation à des disciples plus ou moins aguerris et talentueux, la superviser de façon plus ou moins intense, et y apporter, ou non, des retouches de sa main. Jalonné d’esquisses, de différentes versions d’un même sujet, le parcours invite les amateurs d’art à comparer diverses déclinaisons d’un même thème à travers plusieurs œuvres. La dernière salle, point d’orgue de l’exposition, est consacrée au thème de David et Goliath, autour du tableau du musée qui fait, donc, son entrée dans le corpus de l’artiste. On le redécouvre, entouré d’autres œuvres reprenant le même motif. La pause contemplative, le visage mélancolique de David, s’affranchissant de toute narration, interpelle, comme l’expressivité de la tête de Goliath, la lumière du rouge et du bleu qui habillent David, et le velouté de sa fourrure. Las, le tableau du Louvre, qui serait à peu près contemporain de celui d’Orléans, n’a pas fait le voyage : seule une photographie permet de comparer les deux œuvres. Pour le voir, il faudra aller au Louvre-Lens, dont il est un des chefs-d’œuvre du nouvel accrochage.
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Quand la copie est un original
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« Dans l’atelier de Guido Reni »,
Musée des beaux-arts, place Sainte-Croix, Orléans (45),
www.museescentre.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL
n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Quand la copie est un original