Sitôt franchi le seuil de l’ancienne coopérative viticole, d’étranges sculptures baroques aux teintes turquoise et mordorée, dont certaines de taille imposante, attirent les regards au centre de ce vaste espace.
Manifestement, il y a de l’ésotérisme dans l’air. Les titres de ces curieuses présences le confirment : Manteau du sacre du roi Arthur, L’Étendard du Saint Graal, Table de l’Adoration, Le Mandala ou Les Portes du Verdon…. Cet ensemble assez incroyable baptisé La Quête du Saint Graal, constitué de près de quarante pièces, a été réalisé pendant une quinzaine d’années par Jean-Marie Martin (1922-2012) après son arrivée en Provence en 1981. Bouleversé par la beauté des eaux du Verdon, il entame alors des recherches résolument nouvelles avec des matériaux rudimentaires, le bois et le Plexiglas, qu’il recouvre d’innombrables clous de tapissier. En 2019, la chapelle de la Sainte-Madeleine à Pezens accueillera cet ensemble de façon pérenne. Autour de cette installation spectaculaire, les œuvres extrêmement diverses de près de quatre-vingts artistes, pour la plupart issues de la Collection Cérès Franco, donc singuliers, invitent le visiteur à poursuivre un parcours pensé autour de quelques thèmes allant des songes et rêves aux voyages semés d’épreuves en passant par le jeu et le désir. Parmi beaucoup d’autres étonnantes surprises, les sombres pastels de Sylvie Blanchard surgissent en résonnance avec la puissance onirique densément colorée de Théorème de l’amitié (1978), une huile sur toile de Dominique d’Acher, tandis qu’à l’étage les envoûtants vaisseaux de Christine Sefolosha voguent vers les possibles les plus improbables.
La Coopérative-Collection Cérès Franco, 5, route d’Alzonne, Montolieu (11), www.collectionceresfranco.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Puissances oniriques singulières