Iconographie

Prolifique inspirateur

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 15 avril 2009 - 477 mots

Le Louvre illustre l’influence du célèbre poème de l’Arioste, « Roland furieux », sur les arts figurés, de la Renaissance au XIXe siècle.

PARIS - Avec La Divine Comédie (1308-1321) de Dante Alighieri, L’Orlando Furioso, ou Roland furieux, de Ludovico Ariosto (1474-1533), a été l’une des sources littéraires italiennes les plus fécondes pour l’inspiration des artistes. Une remarquable exposition-dossier du Musée du Louvre, conçue principalement à partir de son fonds d’art graphique, revient sur ce sujet. Publié en 1516 à Ferrare en hommage au cardinal Hippolyte d’Este, ce texte foisonnant constitué de plus de 40 000 vers a en effet eu une influence fulgurante, inspirant notamment des œuvres à Fragonard, Ingres ou Delacroix. « Il est à noter qu’aucune des éditions publiées du vivant et sous le contrôle direct du poète ne contient d’illustrations », souligne pourtant Monica Preti-Hamard, commissaire de l’exposition. Puisant à la tradition courtoise du roman de chevalerie, d’où cette filiation assumée par son titre avec la Chanson de Roland (XIe siècle), le Roland furieux est en effet pourvoyeur de plusieurs figures mythiques et romanesques. Ainsi de la belle Angélique, fiancée à Roland avant son enlèvement par les pirates. Libérée par Roger chevauchant son hippogriffe, elle succombe finalement aux charmes de Médor, provoquant l’ire de Roland, qui partira taire sa colère dans son combat contre les sarrasins… La force du texte réside dans cet enchevêtrement entre inspiration chevaleresque – illustrée dans l’exposition par quelques feuilles de Pisanello antérieures à la rédaction du texte – et référence à des textes antiques, comme en témoigne une analogie avec l’histoire de Persée et Andromède tirée des Métamorphoses d’Ovide. Le tout étant mâtiné de « haute fantaisie », née des entrelacs d’une narration qui ménage des effets de surprise et fait écho au goût des grotesques de la Renaissance. L’exposition illustre ainsi la formidable postérité de ce texte singulier, bien au-delà des seuls contemporains de l’Arioste. Au XVIIIe siècle, Fragonard a ainsi laissé un ensemble inachevé de 179 dessins illustrant le poème – le Louvre en conserve 8 – dont la destination demeure inconnue. Au XIXe siècle, les artistes romantiques se concentreront sur la figure d’Angélique, dont la représentation la plus notoire est due à Ingres dans son célèbre tableau Roger délivrant Angélique (1819, Louvre), considérée par Théophile Gautier comme l’illustration la plus fidèle au texte jamais exécutée. L’exposition se clôt par un hommage, celui de Corot, lequel dessine sur un carnet, à la fin de son premier séjour italien, une chaise vide accompagnée d’une simple inscription, « Chaise d’Arioste Ferrare ». Monumentale.

IMAGINAIRE DE L’ARIOSTE, L’ARIOSTE IMAGINÉ, jusqu’au 18 mai, Musée du Louvre, Paris, tlj sauf mardi 9h-18h, mer. et vend. 22h. Catalogue, 96 p., 70 ill., coéd. Gourcuff Gradenigo/Louvre, 19 euros, ISBN 978-2-35031-215-6

Imaginaire de l’Arioste
Commissariat : Monica Preti-Hamard, docteur en histoire de l’art ; Dominique Cordellier, département des Arts graphiques
Nombre d’œuvres : 58

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Prolifique inspirateur

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