Pour la première fois depuis 1736, les riches collections de Son Altesse Sérénissime le Prince Eugène de Savoie (1663-1736), dispersées immédiatement après sa mort, retrouvent le temps d’une exposition l’écrin où il les avait amoureusement disposées : le palais du Belvédère à Vienne.
Né français, élevé à la cour de Louis XIV, le prince fuit la France à vingt ans. Sa mère, nièce de Mazarin, est impliquée dans l’affaire des poisons. L’opprobre rejaillit sur le fils. Le roi refuse au jeune homme tout commandement militaire. Humilié, Eugène rejoint l’empereur d’Autriche Léopold Ier et s’enrôle dans l’armée impériale. Vienne, encerclée par les Ottomans, est alors en grand danger.
L’esprit d’initiative du prince et son courage le rendent rapidement précieux aux yeux de l’empereur. Promu feld-maréchal-lieutenant à 24 ans, il est nommé commandant en chef des armées impériales en 1708. Ses victoires, dont plusieurs face aux Français, lui apportent reconnaissance et fortune. Plus sensible aux charmes d’Apollon qu’à ceux de Vénus, il consacre ses revenus à aménager et décorer sa vaste résidence d’été agrémentée de jardins à la française dessinés par Dominique Girard, élève de Le Nôtre.
Son palais magnifiquement orné de sculptures, de somptueuses coupoles peintes en trompe-l’œil, de toiles et de tapisseries choisies avec soin, produisait une si forte impression que Montesquieu, lors de son séjour à Vienne en 1728, s’étonna qu’un sujet fût mieux logé que son souverain.
Collectionneur, mécène, grand lecteur appréciant la compagnie du philosophe Leibniz, les choix artistiques du prince Eugène influencèrent durablement la culture autrichienne. Entre autres pièces remarquables, le parcours expose les Adam et Eve de Guido Reni et de Francesco Albani, La Femme hydropique de Gérard Dou, un très beau lavis de Carlo Innocenzo Carlone, un parchemin enluminé datant de 1470 : La Cité des Dames, de Christine de Pisan, et un étonnant Mémoire des attaques par surprise, ouvrage français de 1703.
« Prince Eugène. Général philosophe et amateur d’art », Belvédère inférieur et Orangerie, Rennweg 6, Vienne (Autriche), jusqu’au 6 juin 2010.
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Prince Eugène - Homme de guerre et de goût
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : Prince Eugène - Homme de guerre et de goût