Le Grand Palais héberge temporairement quelques fleurons des portraits occidentaux de 1770 à 1830, et interroge un genre qui revendique une double appartenance : public et privé.
Si La Joconde ou Les Ménines sont emblématiques de la culture visuelle, elles n’en demeurent pas moins les témoins d’un genre longtemps tenu pour mineur : le portrait. Un genre qui leur assure toutefois une notoriété et une « aura », puisque l’exégèse n’en finit pas de vouloir décrypter la part réelle, vraie ou vraisemblable, qui les anime.
L’« âge des révolutions », de 1770 jusqu’à 1830, honora quant à lui ce genre en vertu de son exceptionnel atout : celui de célébrer une ou plusieurs figures en leur garantissant la postérité mais aussi celui, obscur et jubilatoire, de transgresser les normes en se jouant des conventions. Cent quarante œuvres issues des plus grandes collections publiques et privées, européennes et américaines, dressent au Grand Palais un éloquent état des lieux.
Faire « vrai »
Alors que naissent les panthéons, à Paris, Rome ou Londres, que les pouvoirs successifs brûlent les idoles aussi vite qu’ils les consacrent, que Rousseau plaide en faveur de l’« état de nature », le portrait n’a jamais eu autant de raison d’être. Intronisant le modèle, il se doit également de rendre compte d’une appartenance sociale, d’un rang politique voire d’une éducation intellectuelle.
Aussi le réalisme est-il le dessein de l’artiste qui fait du portrait, public ou privé, un constat syncrétique, presque photographique. Nul hasard dans les velours d’Ingres, dans les apparats de Lawrence ou dans les rides de Pigalle : la vraisemblance devient le subtil sésame de la postérité qui jamais n’empêcha la licence.
Bottin mondain
David, Goya, Canova ou Stuart fixèrent à jamais les images des plus grands de ce monde, de Napoléon en passant par Pie VII ou Washington. Notre image de ces personnages est encore la leur.
Princes, comtesses, militaires ou littérateurs eurent recours aux talents des plus grands artistes qui nous lèguent ainsi une phénoménale encyclopédie visuelle que scandent les épisodes majeurs d’une société. Effigie ambiguë du public et du privé, le Marat assassiné de David a désormais rejoint un musée, témoin éternel d’un événement capital mais aussi du succès considérable des portraits dans l’histoire du « collectionnisme ». Ne dit-on pas d’ailleurs une
« galerie de portraits » ?
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Portraits
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Portraits