Ce titre énigmatique est celui d’une installation de l’artiste québécois Michel Goulet, présentée au Centre culturel canadien de Paris. Ce sculpteur est très réputé dans son pays pour ses étranges « collages » hétéroclites en volume, faits de rapprochements inattendus entre des objets familiers tronqués ou traficotés dans des mises en espace fort théâtrales. Goulet construit des territoires dans lesquels il « installe » ses arrangements et ses assemblages d’objets récupérés, détournés. Leur côté disparate est en réalité en opposition avec le soin extrême qu’il met à les placer et qui leur donne du sens. Il est adepte des jeux de l’esprit, des doubles sens, de la dichotomie des mots, mais pas lors de l’étape du « bricolage », plutôt lors de « l’installation ». Il fait l’inventaire d’une suite d’associations d’idées et d’images toujours renouvelées. Dans cette exposition, de chaque côté d’un mur-écran en tôle fait d’une multitude de casiers dont la répétition en constitue les motifs récurrents, s’agglutinent ses habituels escabeaux, tiges en aluminium, lutrins, roues ou bicyclettes coupées en deux, et ses fameuses chaises surréalisantes... toutes choses ordinaires qui font désormais partie de son vocabulaire, transfigurées par leur amalgame mais aussi par la présence de la vidéo et de la musique. Et parce qu’elles sont fabriquées en acier et en laiton, ce qui les transforme en simulacre. Bref, un mur multimédia. Goulet réussit à découper l’espace en divers petits univers magiques très borgèsiens. Pas étonnant qu’il soit aussi un célèbre scénographe.
PARIS, Centre culturel canadien, jusqu’au 20 septembre.
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Porter le mur comme le masque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Porter le mur comme le masque