La fermeture du Centre Pompidou jointe à la célébration du 25e anniversaire de la mort de l’ancien président peut évidemment justifier le fait que le Jeu de Paume ait été réquisitionnée pour célébrer la modernité du regard de l’homme de culture et du chef d’état. On peut toutefois se demander si cela entre vraiment dans les attributions de l’institution de la place de la Concorde que de se « muséifier » à ce point. Sans remettre en cause la qualité tout à fait singulière d’un esprit ouvert qui s’est appliqué à être au diapason de la création contemporaine de son temps, force est de considérer que les années 50-60 sont d’ores et déjà entrées dans l’Histoire et que la mission du Jeu de Paume pourrait être davantage du côté de la recherche que de la commémoration. Ceci dit, l’exposition qu’il consacre à l’auteur de l’Anthologie de la poésie française et au promoteur présidentiel d’une exposition qui, en 1972, défraya la chronique et dont il convient de rappeler qu’elle instruisit l’un des scandales les plus vifs de la modernité, ne manque ni d’intérêt, ni de pertinence. Faisant irrésistiblement réfléchir au rapport entre État et culture, elle en prévient du même coup les travers et les dérives. « Admettre une hiérarchie des cultures conduirait à admettre une hiérarchie des races, ce à quoi se refusent et notre jugement et notre volonté » déclarait Georges Pompidou en mars 1970. Des paroles tout à l’honneur de leur auteur, tout comme ses choix artistiques que l’on retrouve en une belle sélection au Jeu de Paume, avec Raysse, César, Fontana ou Soto.
Jeu de Paume, jusqu’au 18 avril.
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Pompidou, regard privé, regard public
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Pompidou, regard privé, regard public