Pointillistes sans être pointilleux

Le public se presse pour découvrir le centre d’art flambant neuf et son exposition inaugurale consacrée au divisionnisme. Pour illustrer cette technique, cent soixante tableaux ont été convoqués. Parmi eux, des toiles de peintres suisses dont le nombre rend justice à leur contribution au rayonnement européen de ce mouvement, né en France, un Dimanche après-midi à la Grande Jatte… Si le tableau manifeste de Seurat n’a pu faire le déplacement, son absence est réparée par une reproduction interactive qui, en s’avançant vers l’image, permet de zoomer sur les détails et, mieux qu’un long discours, de comprendre la technique originelle du pointillisme. En revanche, le parcours, lui-même en pointillé, permet difficilement de saisir la chronologie et la complexité d’un courant aux multiples ramifications. L’accrochage, tous azimuts, brouille les pistes d’un principe directeur pourtant simple – trop simple ? –, celui de l’évolution technique du point à la tache, de la « couleur maîtrisée » à la « couleur éclatée ». 
Cela dit, les beaux tableaux sont légion et la diversité au rendez-vous. Peintres français, belges, italiens et suisses rivalisent d’audaces techniques sur des terrains aussi inattendus que le naturalisme ou le  symbolisme appliqués au divisionnisme. Last but not least, le Genevois Alexandre Perrier est l’une des pépites de cette exposition, pour les Français en tout cas, qui gagneront à se rendre à Lens autrement que pour le ski.