Une forte odeur de clou de girofle a envahi le musée Tinguely. Est-ce cela l’odeur de l’art, celle d’une épice qui appelle au voyage mais également le souvenir désagréable du giroflier qui soulage la rage de dents ?
Attractive et répulsive, selon les sensibilités et les expériences. Le musée inaugure avec cette exposition consacrée à l’odorat dans l’art une série sur les cinq sens. En commençant par la plus sensible, celle qui flirte avec la psychologie, la neuroscience, l’histoire et les cultures. Conçue comme un laboratoire, « quasi expérimental », confie la commissaire de l’exposition Annja Mueller-Alsbach, elle explore plusieurs pistes liées à la question de ce sens primaire questionné par les artistes contemporains. Si la vue est considérée dans l’art comme le sens le plus élevé et le plus raisonné, l’odorat induit des réactions instinctives, viscérales, parfois erronées. Une odeur peut-elle évoquer une image ? Tromper les autres sens ? Le corps est abordé d’emblée, avec en figure de proue l’artiste norvégienne Sissel Tolaas, qui possède une collection de plus de quinze mille odeurs. The Smell of Fear/The Fear of Smell rassemble les odeurs dégagées par des hommes dans différentes situations de stress. Portraits de l’intime, l’artiste Claudia Vogel présente dans une précieuse fiole ses sécrétions génitales quand Jana Sterbak a synthétisé l’odeur de son amoureux donnant l’illusion de sa présence. La manipulation des sens est l’autre thème central. Le lit de verdure (Moss Bed, Queen, 1986/2005-2015) de Meg Webster semble exhaler une senteur de sous-bois alors qu’il n’en est plus rien. Le parcours se conclut sur la plus extrême tension : douceur cotonneuse et panique viscérale sont enfermées dans l’œuvre de Kristoffer Myskja. Fuir ? Rester ? En attendant l’exposition consacrée au goût…
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
À plein nez
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €« Belle Haleine. L’odeur de l’art », Musée Tinguely, Paul-Sacher-Anlage 1, Bâle (Suisse), www.tinguely.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : À plein nez