Plein les sens

Un tour de force qui relève du défi esthétique et muséographique. Cette promenade, se déployant le long des remparts sur près de 1,6 km, mobilise tous nos sens, alternant les passages d’une lumière éblouissante à la pénombre totale. Intérieur et extérieur, architecture et nature dialoguent constamment, comme le suggère le caisson lumineux d’Hélène Mugot, représentant un miroir d’eau, fenêtre ouverte sur le paysage donnant à voir des visions d’étangs fragmentés. Des œuvres contemplatives et poétiques, certes. Mais pas uniquement. Leur caractère éphémère dit la fragilité d’un environnement naturel précieux et d’un écosystème salin précaire où l’évanescence le dispute à l’urgence, à l’instar du sol délicatement inondé de sable blanc et de microbilles de verre, conçu par Hao Jingfang & Wang Lingjie. De même, l’installation immersive d’Yves Chaudouët en appelle autant à la méditation qu’à la sensibilisation des spectateurs, qui se trouvent embarqués dans les profondeurs sous-marines. En apesanteur, méduses et étoiles de mer se détachent progressivement de l’obscurité, scintillent et se reflètent sur les vieilles pierres. La transparence de ces pièces en verre soufflé diffuse une atmosphère aquatique à la fois magique et inquiétante. Chaque œuvre représente ainsi une ode à la nature et nous invite à partir à la dérive.