À l’occasion de son exposition à la galerie Anton Weller, à Paris, Pierre Giner a répondu à nos questions.
Dans l’une de vos dernières œuvres, Keep the distance #01, l’univers du jeu vidéo rejoint celui du cinéma. Pouvez-vous nous parler de cette pièce ?
J’avais conçu ce projet au départ comme un film, mais j’ai finalement opté pour la forme d’un jeu vidéo. Le spectateur est invité à conduire un véhicule de tourisme jusqu’à ce qu’il finisse par tomber dans le vide, la chute provoquant une immense explosion. J’avais envie de réinstaller dans l’œuvre ce sentiment ambivalent du plaisir de la conduite et de la recherche de l’accident. C’est également une manière de s’occuper des désirs et des pulsions du spectateur en l’insérant dans l’exposition d’une autre façon. À la différence d’un jeu de voiture classique, des mouvements de caméras – que l’utilisateur peut déclencher, ou qui interviennent de façon aléatoire – viennent rompre le déroulement linéaire de l’action. Des points de vue inattendus apparaissent comme dans un film dans lequel chacun peut se mettre en scène. Un début de fiction peut alors se créer : de l’espace, du vent, une catastrophe, il se passe quelque chose et l’on peut commencer à y croire.
Beaucoup de vos travaux utilisent des supports liés aux “nouvelles technologies”. Comment vous situez-vous par rapport à cette approche ?
C’est un domaine qui m’intéresse car c’est un lieu de vie où l’on se raconte des histoires. Des échanges et donc du contenu se créent. Je considère ces technologies comme des outils et la question qui voudrait déterminer si c’est bien ou si c’est mal m’importe peu. La seule vraie révolution qu’apporte le numérique réside probablement dans le croisement des domaines artistiques : cela permet, par exemple, à des musiciens et à des plasticiens de travailler sur un support commun. Je me considère comme un témoin des nouvelles situations qu’elles engendrent, et l’aspect technique n’est finalement pas très important. Mes travaux ne reposent d’ailleurs pas sur des dispositifs complexes. De la même façon, je réduis au maximum l’interactivité, qui est souvent l’apanage de ce type d’expression. Un texte écrit sur un mur peut tout à fait me suffire.
La langage, surtout écrit, mais aussi oral, est justement très présent dans vos œuvres. Quel est son rôle ?
J’adore écrire des textes très courts. Je recueille des faits divers que j’archive et que je réutilise parfois. L’univers de la fiction m’a également toujours attiré, et c’est justement le mélange de ces deux sphères qu’il m’intéresse de mettre en œuvre. Il y a de multiples façons de devenir narratif : avec la voix, les intertitres, le sous-titrage... Écrire dans l’image est quelque chose qui me touche particulièrement. J’ai envie d’explorer toutes ces possibilités, d’investir tous les champs en travaillant également sur le son, le bruit et la musique.
Galerie Anton Weller – chez l’un, l’autre, 57 rue de Bretagne, 75003 Paris, tél. 01 42 72 05 62, jusqu’au 1er juin.
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Pierre Giner
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Pierre Giner