Bien que le monde de l’enfance n’ait pas constitué un des thèmes de prédilection de l’artiste, l’historien de l’art Werner Spies a réuni, pour l’exposition \"Picasso, le monde des enfants\" à Düsseldorf, près de deux cents œuvres, dont certains portraits d’Olga et de Paul particulièrement admirables.
DÜSSELDORF - La rétrospective du Museum of Modern Art de New York, en 1980, a servi de catalyseur à une série d’expositions qui ont profondément enrichi notre connaissance de l’œuvre de Picasso. Des expositions thématiques, ou s’intéressant de près à une période donnée de sa longue carrière, ont accompagné la publication d’études iconographiques où l’imagination inépuisable de l’artiste, qui revient sans relâche sur ses thèmes favoris, apparaissait avec force.
C’est ainsi que se sont succédé "Les Saltimbanques" (1980, Washington) ; "Das Plastische Werk" (1983, Berlin et Düsseldorf) ; les carnets (1986, galerie Pace et divers lieux) ; "Le dernier Picasso" (1988, Paris et Londres) ; "Les débuts du Cubisme" (1989, New York et Bâle) ; "La Période rose" (1992, Barcelone et Berne) ; les natures mortes (1992, Cleveland, Philadelphie et Paris) ; et dernièrement, les rapports entre sa peinture et sa sculpture (1994, Londres).
Le professeur Werner Spies, éminent spécialiste de Picasso à qui l’on doit déjà l’exposition de 1983 ainsi que la somme définitive sur sa sculpture, est aujourd’hui le commissaire de l’exposition "Picasso, le monde des enfants" proposée à Düsseldorf, puis à Stuttgart.
L’enfance, un thème non privilégié
À partir d’une sélection de soixante peintures à l’huile, cent trente gouaches, dessins et autres œuvres sur papier, et une seule sculpture, La Femme à la poussette (1950), Werner Spies analyse l’attitude fluctuante de Picasso à l’égard d’un thème qui ne l’occupera qu’épisodiquement : l’enfance.
Apparaissant dans les œuvres du tout début, puis dans les descriptions de familles de saltimbanques de la période rose, elle inspirera pourtant à l’artiste certains de ses tableaux les plus sensibles, comme les portraits de sa femme Olga et de son fils Paul (1921), puis les portraits de Paul en costume d’Arlequin ou de Pierrot. D’ailleurs, vingt-sept des œuvres exposées appartiennent à la période néoclassique de Picasso.
À l’opposé, le long chapitre du Cubisme ignore entièrement le sujet, et l’artiste ne s’y intéressera pas davantage les années suivantes, alors qu’il peint ses enfants en Cupidon. D’autres exemples de portraits d’enfants figurés dans un contexte imaginaire ou historique sont présentés à Düsseldorf, notamment dans plusieurs feuilles de la suite Vollard ; dans Guernica – dont quatre études préparatoires ont été prêtées par le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid – et dans quatre variations des Ménines.
Parallèlement, Picasso a peint à plusieurs reprises ses enfants apprenant à dessiner : de ces souvenirs, Werner Spies a retenu Paulo dessinant (1923, Musée Picasso, Paris) et Claude dessinant, Françoise et Paloma (1954, Musée Picasso, Paris). Dans cette dernière composition, Picasso semble s’être essayé au style propre aux dessins d’enfants, un exercice – admettait-il – bien plus difficile pour lui que la facture digne des dessins de Raphaël qui lui venait si naturellement.
Picasso’s World of Children, (Picasso, le monde des enfants), Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, jusqu’au 3 décembre, tél. 211 83810, ouvert tlj, sauf le lundi, de 10h à 18h ; puis Staatsgalerie de Stuttgart, du 16 décembre au 10 mars 1996.
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Picasso bon enfant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Picasso bon enfant