Photos Koppitz

Elles forment un trio au visage tendre devant lequel se tient une femme nue au corps penché à l’arrière, la tête renversée. Dès sa réalisation en 1925, Bewegungstudie (Étude de mouvement) a été le plus grand succès de Rudolf Koppitz (1884-1936). Tiré en différents formats par lui-même ou par sa femme, Anna Arbeitlang, elle est une icône de la photographie régulièrement exposée et vendue jusqu’à nos jours. Mais de Rudolf Koppitz, excepté d’autres nus, que connaît-on réellement de l’œuvre de cet homme né dans une famille de tisserands en Silésie autrichienne (aujourd’hui en République tchèque) ? La rétrospective de Monika Faber, directrice du Photoinstitut Bonartes à Vienne, et l’ouvrage publié en français pour l’occasion chez Christian Brandstätter pour sa présentation au Musée Nicéphore Niépce, viennent combler un vide. Passé le parcours chronologique composé uniquement de vintages, on porte d’ailleurs un autre regard sur L’Étude de mouvement. L’harmonie des compositions a été l’unique préoccupation de ce photographe pictorialiste, professeur très écouté d’une génération d’élèves de l’Institut des arts graphiques appliqués à Vienne. Nu ou nature, ses deux domaines de prédilection, montrent autant l’idéalisation portée à chacun que l’attachement à la matérialité de l’image d’un homme en prise avec les valeurs de  son époque, en particulier celles du national-socialisme, dont Anna Arbeitlang, après le décès de son mari, épousera ouvertement la cause et qu’elle affirmera dans sa propre production photographique.