L’« Athènes d’Italie » doit beaucoup à l’influence d’Ennemond-Alexandre Petitot, véritable ambassadeur de l’architecture des Lumières à Parme. Une exposition au Palazzo Bossi-Bocchi rend un légitime hommage à cet architecte français un peu oublié aujourd’hui, en dépit de la diversité de ses talents et de l’originalité qui caractérise son œuvre.
PARME. Fils d’un architecte de Lyon, Ennemond-Alexandre Petitot (1727-1801) travaille pour Soufflot avant de recevoir le Grand Prix de Rome en 1745. Nommé architecte des Manufactures ducales de Parme par Philippe de Bourbon en 1753, il enseigne parallèlement à l’Académie des beaux-arts, fondée un an plus tôt dans la capitale du duché. La nouvelle génération d’artistes parmesans découvre le goût qui s’impose alors dans les capitales européennes de la culture : Rome, Vienne, et surtout Paris. C’est de France que viennent les principaux maîtres de l’Académie, chargée entre autres de la réalisation de toutes les tapisseries qui décorent les résidences de la famille ducale. L’influence française devient prépondérante, et les Émiliens adoptent le goût néoclassique qui se répand en Europe. Parme se pare d’un éclat remarquable en l’espace de quelques décennies, au point que la ville est considérée comme l’"Athènes d’Italie", notamment grâce aux réalisations de Petitot. L’architecte restructure la résidence de Colorno, ancien lieu de villégiature des Farnèse, et y construit la Vénerie vers 1754. Il établit le plan du tracé du Stradone, premier exemple en Italie du Nord d’une large avenue destinée à faciliter les déplacements. Enfin, il aménage le Palazzo del Giardino, érige le Casino des nobles, la Bibliothèque palatine et la façade de San Pietro.
Une centaine de feuilles originales
Architecte et urbaniste, Petitot a également fait preuve d’une grande originalité dans son œuvre graphique, qui mêle étrangement éléments naturels et architecturaux. Une centaine de feuilles d’un extrême intérêt graphique, et dont certaines sont inédites, ont été rassemblées. Le visiteur admirera ses projets de meubles, d’objets d’art, de décors de fêtes, de fontaines et de montgolfières, remarquablement interprétés par le graveur lombard Benigno Bossi, tandis qu’une section est réservée à sa collaboration avec Giambattista Bodoni pour La suite des vases (1764) et Mascarade à la grecque (1771), dans lesquelles se déploie toute son inventivité. Pour évoquer le cadre de la cour des Bourbons et celui de l’Académie, peintures et sculptures sont exposées autour des maquettes d’architecture et des meubles conçus par Petitot. Grâce à une restauration récente, le petit théâtre qu’il avait fait construire dans sa résidence de campagne a pu être remonté.
ENNEMOND-ALEXANDRE PETITOT, jusqu’au 29 juin, Fondazione Cassa di Risparmio, Palazzo Bossi-Bocchi, Strada al Ponte Caprazzuca 4, Parme, tél. : 39 521 287 565, tlj sauf lundi 10h-12h30 et 16h-18h30, dimanche 10h-12h30.
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Petitot avec un grand P
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Petitot avec un grand P