Les projets du duo Art orienté objet développent toujours plus spécifiquement une réflexion sur l’écologie en parvenant à dépasser l’écueil du sermon visuel et de la déploration. À Versailles, ils s’emparent rien de moins que du mythe que représentent en histoire de l’art Aby Warburg et son « Rituel du serpent ».
Dans cette conférence donnée en 1923 dans un hôpital psychiatrique où le père de l’iconologie est interné depuis 1921 pour psychose aggravée, il se remémorait cette danse pratiquée par les indiens Hopis pour en tirer une réflexion sur la nécessité de préserver un espace de contemplation nécessaire à la pensée. Cet Andachtsraum contemplatif donne son nom à l’exposition qui rassemble notamment Denksraum (espace de pensée), film en deux parties réalisé en 2014. Les artistes ont aussi réalisé une installation impressionnante à partir d’un squelette de kangourou tué dans un accident de la route entouré d’œufs d’autruche accrochés tout autour de cette dépouille osseuse surmontée d’une succession croissante de néons circulaires. L’animal, trouvé au bord d’une route en Australie, et déjà apparu dans Piéta, s’expose désormais sur le dos, comme en lévitation pour servir de catalyseur à l’espace de pensée auquel convie le film. L’univers de Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin ne joue jamais sur les ressorts de la leçon de choses, mais davantage sur une projection fantastique de leur sujet. Ils nourrissent ainsi une des démarches les plus singulières parmi les pratiques artistiques de l’écologie ces dernières années.
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Pensées orientées
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°677 du 1 mars 2015, avec le titre suivant : Pensées orientées