De sa maison sur une pointe de l’île de Tinos, Artémis aperçoit à l’horizon de la mer d’autres Cyclades.
L’archipel est symbolisé dans le parcours de l’exposition par de vastes plaques blanches posées au sol. Écrites dans les angles, des citations d’Homère avec en écho celles de Kazantzakis, qui réécrit à sa manière l’épopée, servent de trame aux douze tapisseries de haute-lice du cycle de L’Odyssée que l’artiste a conçues et confectionnées pendant près d’une dizaine d’années. En même temps que Télémaque, Circé ou Le Cyclope ouvrant un œil vengeur, entre à flots dans la matière tissée cette lumière hellène capturée, dirait-on, par la laine et le coton. Recourant au dessin, au collage, aux maquettes pour préparer ses sujets, Artémis, nouvelle Pénélope, les défait et les remet sur le métier jusqu’à ce qu’ils s’imposent à elle. La lecture des formes, très abstraites, n’est pas acquise d’emblée. Pour que leur sens émerge et que les couleurs révèlent le mythe, il faut les nouer aux mots extraits du poème épique. Alors, les fils ajustés prestement par les doigts composent un long et grand Cheval de Troie, découpant sa tête et ses pattes sur six panneaux distincts mauves et dorés, une Calypso dans sa grotte et cet Archer dont l’arc pointe la flèche noire vers l’espace imaginaire conquis par Ulysse. Avec ce cycle qu’elle a offert en 2010 à Angers, Artémis invite à entreprendre comme son héros « un voyage initiatique ». On la suit en cédant volontiers au chant des sirènes.
Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, jusqu’au 24 novembre 2013Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 4, boulevard Arago, Angers (49), www.musees.angers.fr
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Pénélope à son métier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°661 du 1 octobre 2013, avec le titre suivant : Pénélope à son métier