Peintre ou sculpteur ? Pavlos n’est ni l’un ni l’autre. Ce Grec du Péloponnèse (né en 1930), parisien d’adoption depuis 1958, s’attache en effet à travailler à la fois la couleur et le volume, mais à sa manière… Marqué par la création du Nouveau Réalisme en 1960, Pavlos découvre en 1961 dans le métro le support de sa méthode : des affiches criardes. Il choisit alors de « torturer » cette matière première, à laquelle il ne fera que peu d’infidélités au cours de sa carrière. Mais contrairement à d’autres, comme Mimmo Rotella qui lacère le support, Pavlos opte pour une voie originale. Il achète des affiches en quantités industrielles et les fait couper de manière nette au massicot, par paquets entiers. Puis il colle les lanières obtenues sur leur tranche, formant des assemblages mouvants, animés de vibrations lumineuses et colorées. En se confrontant au matériau, Pavlos retrouve les gestes de l’enfant qui se fabriquait des jouets avec des feuilles de figuier de Barbarie, faute de mieux. « On croyait que tout avait été dit sur l’affiche jusqu’au jour où Pavlos apparut », écrit alors le critique d’art Pierre Restany, qui l’a remarqué au Salon des réalités nouvelles.
Dès 1965, Pavlos fait évoluer sa technique, se met à plier ses tranches d’affiches massicotées, créant des formes baroques qui évoquent des paysages puis, dès 1966, des objets liés à l’univers du Pop Art et de la consommation : sandwichs américains, corsets de pin-up, cendriers… Ce sera le début d’une longue déclinaison de formes en trois dimensions, de la panoplie de vêtements aux colonnes grecques, des natures mortes aux arbres groupés en forêt. Entre-temps Pavlos aura cédé à d’autres techniques : happenings de confettis, grisailles au tampon Jex, qui feront écrire à José Pierre cette réclame, pour une exposition chez Sonnabend : « Récurez votre regard ! / Mettez un TAMPON JEX dans votre cerveau / Grâce à Pavlos / vous aurez les / concepts artistiques les plus propres du monde. »
« Pavlos Papiers en fête », CANNES (06), La Malmaison, espace Miramar, 47 la Croisette, tél. 04 97 06 44 90, jusqu’au 17 octobre. Cat. Images en Manœuvres / Le Seuil, 30 euros.
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Pavlos et ses rebuts de papiers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Pavlos et ses rebuts de papiers