Jusqu’à sa mort en 814, Charlemagne n’a cessé de poursuivre l’œuvre d’extension du territoire franc de son père, au point que certains historiens parlent d’une « Europe carolingienne ».
Une Europe constituée par la violence de la conquête et la conversion massive au christianisme. Les abbayes royales jouent alors un rôle politique de premier plan dans le contrôle des populations comme dans l’éducation et la diffusion des savoirs. L’abbaye de Saint-Riquier, en baie de Somme, fait partie de ces grandes fondations. Charlemagne y place son gendre Agilbert comme abbé laïc. Son fils Nithard lui succèdera et sera l’un des premiers chroniqueur à écrire en langue romane, délaissant le latin officiel. Ses ossements ont été retrouvés en 1989 lors des fouilles du site. Riche de cette histoire et avec la volonté de l’associer à la thématique de l’Europe et à celle de l’écriture, le centre propose une exposition à l’ambition démesurée, qui se révèle confuse et bancale. Les clichés ne sont pas épargnés au visiteur. À l’entrée, se tient un « soldat carolingien », mannequin de 1876, sorti du Musée de l’armée. Quand on sait que celui représentant un Gaulois porte un casque à ailes et une longue moustache, on peut se méfier de la véracité historique du « carolingien ». La salle consacrée à Charlemagne est une ode à la figure romantique de l’empereur à travers les tableaux du XIXe siècle présentés, renforçant un peu plus une image erronée de celui-ci. Les savoirs et l’éducation sont traités avec une rapidité déconcertante au cœur de cette abbaye ayant abrité la plus grande bibliothèque de son temps. Une série de fac-similés de pages de manuscrits font défiler pêle-mêle les connaissances, à savoir la pharmacopée de Lorsch (fin du VIIIe siècle), le plan de la basilique idéale de Saint-Gall (v. 820), un herbier... Chaque page est d’une importance historique de premier ordre, peu développée ici. Pourquoi ne pas avoir resserré l’exposition autour des chefs-d’œuvre conservés dans la région, points lumineux du parcours : les magnifiques Évangiles de Saint-Riquier, conservés à Abbeville, rédigé sur vélin en lettres d’or ou encore L’Évangéliaire de Saint-Vaast, venu d’Arras. Pour ces trésors seuls, la visite était amplement méritée.
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Pauvre Charlemagne !
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Abonnez-vous dès 1 €Abbaye royale de Saint-Riquier, Centre culturel de rencontre, place de l’Église, Saint-Riquier (80), ccr-abbaye-saint-riquier.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Pauvre Charlemagne !