Paul Huet, papiers d’atmosphère

L'ŒIL

Le 1 octobre 2003 - 349 mots

Thierry et Laure Normand, collectionneurs devenus marchands, ont ouvert fin 2001 une galerie consacrée aux peintures et dessins des maîtres célèbres ou méconnus du XIXe siècle.
Ils montrent deux expositions annuelles, l’une thématique, l’autre monographique : Théodore Rousseau l’an dernier, cette année Paul Huet (1803-1869). Une trentaine de dessins, aquarelles et pastels, provenant de plusieurs collections privées, illustrent l’art de ce peintre romantique, qui fut l’un des premiers grands paysagistes français. 
Paul Huet fut d’abord l’élève du peintre néoclassique Guérin, dans l’atelier duquel il se lie avec le jeune Delacroix. Mais il est peu réceptif à l’héritage de David. Et pas davantage à l’enseignement de Gros, son deuxième maître. En revanche, le Salon de 1824, qui révéla au public parisien la peinture anglaise de paysage, et en particulier celle de Constable, fut pour lui, comme pour beaucoup d’artistes de sa génération, une véritable révélation. Il devient d’ailleurs l’ami du peintre Richard Parkes Bonington, avec qui il fait un voyage d’études en Normandie, en 1828. Romantique, Paul Huet l’est par le caractère dramatique et subjectif qu’il donne à ses paysages. Il peint une nature « travaillée de convulsions », dit l’historien d’art Henri Focillon, et le critique d’art Castagnary note qu’il « porte ses agitations dans la nature et la passionne à l’égal de l’âme humaine ». Plus pénétrant, Michelet saisit l’aspect le plus subtil de cet art : « Il était né triste, fin, délicat, fait pour les nuances fuyantes, les pluies par moment ensoleillées. S’il faisait beau, il restait au logis. Mais l’ondée imminente l’attirait, ou les intervalles indécis, quand le temps ne sait s’il veut pleuvoir. » Et c’est bien cet aspect qu’illustrent les merveilleuses aquarelles où l’artiste traduit, mieux peut-être que dans ses peintures à l’huile, les nuances les plus fines de la lumière et de l’atmosphère. Non moins beaux, ses pastels sont parfois typiquement préimpressionnistes, jusque dans leur titre (Effet d’atmosphère, Côte normande, 1844).

« Paul Huet (1803-1869) », PARIS, galerie Normand, 35 rue de Lille, VIIe, tél. 01 40 20 06 03, 15 octobre-29 novembre, puis galerie Jill New House, New York, en janvier 2004.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Paul Huet, papiers d’atmosphère

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque