Paul Cézanne, l’architecte

Il emprunte pour cela des chemins qu’il peint quel que soit le temps, soleil ou neige. Par le chemin il accède à la campagne, par lui il revient à l’atelier. De l’intérieur à l’extérieur et retour, il est dans une tension constante entre deux univers à bâtir dans leur géométrie propre. En rapprochant une série de tableaux, cette exposition met en évidence la manière dont Cézanne construit l’espace, que ce soit celui d’un paysage ou celui d’une nature morte. Elle montre aussi comment il pratique toujours une construction plastique, à la fois libre et rigoureuse des contours et des volumes. Cézanne conduit le regard de plan en plan. Ici comme là, il rend visible l’invisible, il révèle « l’ossature » des choses, celle des pins à L’Estaque et celle d’une cruche de grès. L’exemple le plus significatif est celui de la ligne de crête et des pans des différentes montagnes Sainte-Geneviève que reprennent les plis de la nappe blanche disposée sur les tables, comme celle du Buffet (huile sur toile, 1877, venue de Budapest). La nature morte devient ainsi « une harmonie parallèle à la nature ». Avec ses soixante œuvres, cette première exposition consacrée à Cézanne depuis trente ans en Espagne illustre ces échanges cézanniens. Pourquoi ajouter un tableau de Dufy, de Lhote ou de Pissarro ? Si beaux soient-ils, ils n’apportent rien. Le maître d’Aix se suffit à lui seul. Amplement.